Le ministre Georges Gilkinet défend, comme le groupe Lufthansa, un nouvel assouplissement des règles sur les créneaux horaires des aéroports pour éviter les vols trop peu fréquentés. La Commission européenne résiste.
En apparence, cela semble stupide. Faire voler des avions avec quelques passagers, donc à perte, juste pour conserver des créneaux horaires (slots), est absurde tant sur le plan environnemental que sur le plan économique. Le groupe Lufthansa a fait savoir qu’il y sera obligé cet hiver: 18.000 vols déficitaires sont prévus, dont 3.000 pour la filiale Brussels Airlines. Laquelle confirme: “Ce ne sont pas des vols à vide, insiste Kim Daenen, porte-parole de la compagnie, mais des voyages avec trop peu de réservations pour être rentables, ce que nous essayons d’éviter, mais les r…
En apparence, cela semble stupide. Faire voler des avions avec quelques passagers, donc à perte, juste pour conserver des créneaux horaires (slots), est absurde tant sur le plan environnemental que sur le plan économique. Le groupe Lufthansa a fait savoir qu’il y sera obligé cet hiver: 18.000 vols déficitaires sont prévus, dont 3.000 pour la filiale Brussels Airlines. Laquelle confirme: “Ce ne sont pas des vols à vide, insiste Kim Daenen, porte-parole de la compagnie, mais des voyages avec trop peu de réservations pour être rentables, ce que nous essayons d’éviter, mais les règles sur l’utilisation des slots nous obligent à les maintenir”. Pourtant, la Commission européenne a adouci ces règles. En temps normal, une compagnie n’a pas le droit de bloquer des créneaux obtenus dans des aéroports où la demande excède l’offre à certaines heures, comme Londres Heathrow ou Zaventem, sans les utiliser. Elle doit les occuper 80% du temps ou les rendre. Depuis la pandémie, la Commission accepte temporairement que les compagnies n’utilisent leurs slots que 50% du temps pour compenser les annulations. Elle a annoncé que ce chiffre montera à 64% l’été prochain car le trafic revient. Ces règles et décisions ne concernent pas les aéroports régionaux, qui n’utilisent pas le système des slots. Avec l’arrivée du variant omicron, le groupe Lufthansa demande un assouplissement supplémentaire cet hiver. Il est soutenu par le ministre fédéral belge de la Mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo), qui a envoyé une demande écrite à la Commission. La commissaire au Transport, Adina Valean, résiste. Dans une réponse au Financial Times, elle estime que les assouplissements actuels “donnent aux compagnies la flexibilité nécessaire pour éviter les vols à vide”, indiquant que le trafic durant cet hiver se situe à 77% du niveau d’avant la pandémie. La commissaire ajoute que l’impact du variant omicron sur les vols “ne semble pas être aussi négatif et durable que ce qui était initialement craint”. Lufthansa est sans doute inquiet car le groupe, qui a remboursé les aides “covid” reçues de l’Etat allemand, est très dépendant de la clientèle d’affaires, la plus effrayée par le covid, davantage qu’un Ryanair qui attire surtout des voyageurs de loisirs et des familles. La Commission doit trouver l’équilibre entre l’assouplissement des règles pour cause de covid et le risque de freiner la concurrence. Elle sait que les meilleurs slots valent beaucoup d’argent (ils appartiennent aux compagnies). En 2019, easyJet avait racheté ceux de Thomas Cook à l’aéroport de Londres Gatwick pour 36 millions de livres (43 millions d’euros). Le Conseil international des aéroports (ACI) approuve la Commission, estimant suffisants les assouplissements actuels. Se montrer plus souple, il est vrai, pourrait réduire les recettes des aéroports, puisqu’il y aurait moins de vols.