Transition énergétique: ce que contient l'accord pour l'avenir énergétique de la Belgique

LA FIDUCIAIRE

Experts-Comptables ITAA

Le gouvernement fédéral a conclu un accord sur la prolongation de la durée de vie de Doel 4 et Tihange 3. Deux nouvelles centrales électriques au gaz seront également construites. Pour la transition énergétique, un peu plus d’un milliard d’euros est prévu.

Réuni en cabinet restreint, le gouvernement fédéral a pris une décision ce vendredi sur l’avenir énergétique du pays. Si en décembre dernier, il semblait acquis que toutes les centrales nucléaires fermeraient d’ici 2025, la guerre en Ukraine a changé la donne. “Pendant trop longtemps, notre vision de l’énergie a fait défaut. Cela a conduit à de nombreuses incertitudes. Ce plan doit y mettre fin. Nous optons pour la certitude en période d’incertitude“, a déclaré le Premier ministre Alexander De Croo vendredi soir. ” Une plus grande indépendance énergétique garantit que nous donnons moins de moyens à des pays comme la Russie pour financer une guerre terrible” a-t-il encore ajouté.

La prolongation des deux réacteurs nucléaires les moins anciens

Pour assurer cette indépendance, les Ecolos, dont fait partie la ministre de l’énergie Tinne Van der Straeten (Groen), a accepté de prolonger la durée de vie des deux derniers réacteurs nucléaires, mais pas plus. Le gouvernement l’a mandatée pour négocier avec Engie la “prolongation éventuelle de 2 GW d’énergie nucléaire pendant 10 ans pour soutenir les énergies renouvelables”. La décision est pour l’instant de principe, la le gouvernement doit encore convaincre ­Engie/Electrabel. Le Premier ministre s’est cependant montré confiant dans un accord avec Engie. Ce n’est pas la première fois que l’Etat belge et le groupe français doivent convenir de solutions. “Nous avons toujours trouvé un moyen que nos intérêts soient alignés. On y arrivera ici aussi“, a-t-il assuré.

Pour sa part Engie “apportera son concours à cette réflexion, en étudiant avec le gouvernement la faisabilité et les conditions de mise en oeuvre des solutions envisagées à ce stade“, a réagi l’exploitant des réacteurs dans un bref communiqué. Engie, qui avait rappelé à de multiples reprises qu’il était trop tard pour une telle prolongation, souligne en effet vendredi soir que la décision de prolonger Doel 4 et Tihange 3 soulève “des contraintes importantes de sûreté, de régulation et de mise en oeuvre, d’autant que cette prolongation interviendrait alors même que les activités de démantèlement sur des unités voisines auront commencé“. La décision de prolonger les deux réacteurs jusqu’en 2035 “présente ainsi un profil de risque qui dépasse, par son caractère imprévisible et par son ampleur, l’activité normale d’un opérateur privé”, poursuit Engie. “Le schéma retenu devra permettre un alignement structurel des intérêts des parties prenantes ainsi qu’un partage adéquat des risques et des opportunités”, conclut le groupe.

Le Kern a donc opté pour le plan B, qui prévoit la prolongation des deux réacteurs nucléaires les moins anciens (Doel 4 et Tihange 3) pour dix ans . Les ministres de l’Energie et de l’Intérieur devront préparer la modification de la loi de 2003, qui prévoit la sortie complète du nucléaire en 2025. Un projet de loi sera soumis au conseil des ministres avant la fin du mois. Une nouvelle discussion devra également s’ouvrir avec la Commission européenne.

Le mandat pour négocier avec Engie et ce flou juridique inquiétait déjà les experts quand le plan B n’était encore qu’une option.

Ainsi le spécialiste en énergie et ancien président du régulateur flamand de l’Energie VREG, Ronnie Belmans, interviewé par notre confrère de Knack, n’était en effet pas pour, même avec la guerre en Ukraine. ” Le plan B, une prolongation de dix ans, est juridiquement beaucoup plus incertain. De plus – et c’est là ma plus grande préoccupation – le gouvernement De Croo va devoir conclure un accord avec Engie pour y parvenir. L’historique des négociations entre Engie et la Belgique ne me rassure pas vraiment. Nous devrions demander à un opérateur qui affirme depuis des années qu’il est impossible de maintenir ces centrales ouvertes plus longtemps de le faire tout de même. ‘Nous n’avons pas le personnel pour le faire, nous sommes trop occupés par d’autres projets’, répondra Engie. Ce à quoi nous répondrons : ‘Mais est-ce que vous ne voulez vraiment, vraiment, vraiment pas essayer ? Quelqu’un qui doit supplier n’est pas en bonne position pour négocier’, explique-t-il.

Deux nouvelles centrales au gaz

Le Mécanisme de Rémunération de Capacité (CRM), qui compense la fin d’une partie de la capacité nucléaire sera mis en oeuvre comme prévu, la prolongation des deux réacteurs ne garantissant pas une solution pour l’hiver 2025. Le “re-run” du CRM sera donc lancé afin de sélectionner un autre projet soumis dans le cadre des enchères de l’an passé.

Le sujet des centrales au gaz a fait l’objet d’une longue discussion car celles-ci étaient censées remplacer temporairement les centrales nucléaires via le CRM. L’équipe de De Croo a décidé que deux nouvelles usines à gaz seront finalement construites pour contribuer à sécuriser l’approvisionnement énergétique futur. L’une sera construit à Les Awirs, un autre à Seraing. Bien que, théoriquement, un projet à Manage ait encore une chance. Par contre, comme attendu, le projet de centrale au gaz de Vilvorde n’a pas reçu son permis à temps.

Un peu plus d’1 milliard pour accélérer le passage aux énergies renouvelables

Le deuxième volet de la décision, selon M. De Croo, consiste à accélérer le passage aux énergies renouvelables. Au total, le gouvernement fédéral souhaite également investir 1,16 milliard d’euros pour accélérer la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles. Selon la ministre de l’énergie, “plus nous le ferons, moins nous aurons besoin de combustibles fossiles. Les centrales nucléaires ne représentent que 3 % de notre approvisionnement énergétique. C’est pourquoi nous avons consacré la majeure partie de notre temps aux 97 % restants”.

“Nous devons accélérer la réduction de notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles. C’est une bonne nouvelle pour le prix de notre énergie. La seule source d’énergie dont le prix de revient baisse d’année en année est l’énergie renouvelable”, selon De Croo.

Quelques mesures concrètes pour accélérer le passage aux énergies renouvelables

  • Investir dans l’énergie éolienne. L’idée est de tripler la capacité éolienne dans la mer du Nord belge pour que chaque foyer belge soit approvisionné en électricité provenant de la mer du Nord dans un avenir proche. Pour ce faire la mise en oeuvre de la capacité offshore de la zone Princess Elisabeth sera accélérée, les obstacles à la mise en place de nouvelles capacités terrestres et offshore seront levés et la production actuelle d’électricité sera augmentée grâce au repowering.
  • La coopération avec les pays voisins sera également renforcée pour accélérer la création d’un réseau offshore intégré unique.
  • favoriser l’éolien terrestre grâce à des règles plus souples dans l’aviation et à la Défense
  • Des efforts supplémentaires seront également déployés pour accélérer la transition vers l’énergie de l’hydrogène et pour faire de la Belgique une plaque tournante pour l’importation et le transit d’hydrogène vert.
  • Il y aura également une réduction de la TVA sur les panneaux solaires à 6 %. La réduction de la TVA s’appliquera aux logements de moins de dix ans.
  • La TVA sera également ramenée à 6 % pour les pompes à chaleur et les chaudières solaires destinées aux logements de moins de dix ans dans le cadre du régime des logements occupés par leur propriétaire et des logements sociaux.
  • accélérer l’introduction de l’énergie solaire. Des stations de recharge intelligentes seront ainsi installées dans les stations de la SNCB. Dans la mesure du possible, des panneaux solaires seront également installés sur les toits des bâtiments du gouvernement fédéral. Les deux pour un budget de 450 millions.
  • Investir dans les petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR). La Belgique dispose d’une expertise de premier plan dans le domaine des nouvelles technologies nucléaires et investira dans ce domaine au cours des prochaines années. Un budget annuel de 25 millions d’euros a été mis à disposition pour les quatre prochaines années.
  • Le gouvernement souhaite également investir davantage dans la mobilité durable avec pour but de doubler la part du train dans le transport de passagers et de marchandises.

Un peu plus tôt dans la semaine, un budget de 8 milliards avait été évoqué. Ce budget revu nettement à la baisse, n’a pas sembler poser un problème à la ministre qui trouve que l’effort va dans la bonne direction au regard des investissements consentis pour accélérer la transition énergétique. Ces mesures permettront d’ajouter 1 gigawatt d’énergie renouvelable par an, soit l’équivalent d’une grande centrale nucléaire. “Cette accélération est sans précédent”, a-t-elle déclaré.

Selon Chris Peeters, PDG d’Elia, le gestionnaire de réseau travaille d’arrache-pied pour étendre et renforcer le réseau afin de faire face à l’électrification supplémentaire et à la capacité offshore. Toutefois, cela nécessitera également les connexions haute tension contestées de Ventilus et de la Boucle du Hainaut, a-t-il précisé.

Van der Straeten a également évoqué les nouvelles technologies, telles que l’île énergétique prévue sur la côte, qui permettraient de réduire la pression sur le réseau. “Nous sommes un petit pays, mais nous sommes inventifs. Cela garantit que nous pouvons toujours faire plus avec moins.”

Rappelons que le dossier traîne depuis 2003, le parlement ayant à l’époque voté une loi “sur la sortie progressive de l’énergie nucléaire à des fins de production industrielle d’électricité”. L’objectif était de fermer les trois réacteurs les plus anciens dès 2015 et ensuite d’arrêter la production d’électricité des quatre derniers entre 2022 et 2025. Pour se permettre de se passer de ces centrales, il fallait évidemment suffisamment d’alternatives pour produire de l’énergie, une question qui continueait à faire débat. Fin décembre 2021, les partenaires gouvernementaux avaient convenu de prendre une décision sur l’avenir de l’approvisionnement énergétique de la Belgique ce 18 mars. Sila plupart des partis plaidaient pour la fermeture des centrales nucléaires en 2025, le fait que la Russie envahisse l’Ukraine aura donc bel et bien changer la donne.

Réuni en cabinet restreint, le gouvernement fédéral a pris une décision ce vendredi sur l’avenir énergétique du pays. Si en décembre dernier, il semblait acquis que toutes les centrales nucléaires fermeraient d’ici 2025, la guerre en Ukraine a changé la donne. “Pendant trop longtemps, notre vision de l’énergie a fait défaut. Cela a conduit à de nombreuses incertitudes. Ce plan doit y mettre fin. Nous optons pour la certitude en période d’incertitude”, a déclaré le Premier ministre Alexander De Croo vendredi soir. ” Une plus grande indépendance énergétique garantit que nous donnons moins de moyens à des pays comme la Russie pour financer une guerre terrible” a-t-il encore ajouté. Pour assurer cette indépendance, les Ecolos, dont fait partie la ministre de l’énergie Tinne Van der Straeten (Groen), a accepté de prolonger la durée de vie des deux derniers réacteurs nucléaires, mais pas plus. Le gouvernement l’a mandatée pour négocier avec Engie la “prolongation éventuelle de 2 GW d’énergie nucléaire pendant 10 ans pour soutenir les énergies renouvelables”. La décision est pour l’instant de principe, la le gouvernement doit encore convaincre ­Engie/Electrabel. Le Premier ministre s’est cependant montré confiant dans un accord avec Engie. Ce n’est pas la première fois que l’Etat belge et le groupe français doivent convenir de solutions. “Nous avons toujours trouvé un moyen que nos intérêts soient alignés. On y arrivera ici aussi”, a-t-il assuré.Pour sa part Engie “apportera son concours à cette réflexion, en étudiant avec le gouvernement la faisabilité et les conditions de mise en oeuvre des solutions envisagées à ce stade”, a réagi l’exploitant des réacteurs dans un bref communiqué. Engie, qui avait rappelé à de multiples reprises qu’il était trop tard pour une telle prolongation, souligne en effet vendredi soir que la décision de prolonger Doel 4 et Tihange 3 soulève “des contraintes importantes de sûreté, de régulation et de mise en oeuvre, d’autant que cette prolongation interviendrait alors même que les activités de démantèlement sur des unités voisines auront commencé”. La décision de prolonger les deux réacteurs jusqu’en 2035 “présente ainsi un profil de risque qui dépasse, par son caractère imprévisible et par son ampleur, l’activité normale d’un opérateur privé”, poursuit Engie. “Le schéma retenu devra permettre un alignement structurel des intérêts des parties prenantes ainsi qu’un partage adéquat des risques et des opportunités”, conclut le groupe. Le Kern a donc opté pour le plan B, qui prévoit la prolongation des deux réacteurs nucléaires les moins anciens (Doel 4 et Tihange 3) pour dix ans . Les ministres de l’Energie et de l’Intérieur devront préparer la modification de la loi de 2003, qui prévoit la sortie complète du nucléaire en 2025. Un projet de loi sera soumis au conseil des ministres avant la fin du mois. Une nouvelle discussion devra également s’ouvrir avec la Commission européenne. Le Mécanisme de Rémunération de Capacité (CRM), qui compense la fin d’une partie de la capacité nucléaire sera mis en oeuvre comme prévu, la prolongation des deux réacteurs ne garantissant pas une solution pour l’hiver 2025. Le “re-run” du CRM sera donc lancé afin de sélectionner un autre projet soumis dans le cadre des enchères de l’an passé. Le sujet des centrales au gaz a fait l’objet d’une longue discussion car celles-ci étaient censées remplacer temporairement les centrales nucléaires via le CRM. L’équipe de De Croo a décidé que deux nouvelles usines à gaz seront finalement construites pour contribuer à sécuriser l’approvisionnement énergétique futur. L’une sera construit à Les Awirs, un autre à Seraing. Bien que, théoriquement, un projet à Manage ait encore une chance. Par contre, comme attendu, le projet de centrale au gaz de Vilvorde n’a pas reçu son permis à temps. Le deuxième volet de la décision, selon M. De Croo, consiste à accélérer le passage aux énergies renouvelables. Au total, le gouvernement fédéral souhaite également investir 1,16 milliard d’euros pour accélérer la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles. Selon la ministre de l’énergie, “plus nous le ferons, moins nous aurons besoin de combustibles fossiles. Les centrales nucléaires ne représentent que 3 % de notre approvisionnement énergétique. C’est pourquoi nous avons consacré la majeure partie de notre temps aux 97 % restants”.”Nous devons accélérer la réduction de notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles. C’est une bonne nouvelle pour le prix de notre énergie. La seule source d’énergie dont le prix de revient baisse d’année en année est l’énergie renouvelable”, selon De Croo. Un peu plus tôt dans la semaine, un budget de 8 milliards avait été évoqué. Ce budget revu nettement à la baisse, n’a pas sembler poser un problème à la ministre qui trouve que l’effort va dans la bonne direction au regard des investissements consentis pour accélérer la transition énergétique. Ces mesures permettront d’ajouter 1 gigawatt d’énergie renouvelable par an, soit l’équivalent d’une grande centrale nucléaire. “Cette accélération est sans précédent”, a-t-elle déclaré. Selon Chris Peeters, PDG d’Elia, le gestionnaire de réseau travaille d’arrache-pied pour étendre et renforcer le réseau afin de faire face à l’électrification supplémentaire et à la capacité offshore. Toutefois, cela nécessitera également les connexions haute tension contestées de Ventilus et de la Boucle du Hainaut, a-t-il précisé. Van der Straeten a également évoqué les nouvelles technologies, telles que l’île énergétique prévue sur la côte, qui permettraient de réduire la pression sur le réseau. “Nous sommes un petit pays, mais nous sommes inventifs. Cela garantit que nous pouvons toujours faire plus avec moins.” Rappelons que le dossier traîne depuis 2003, le parlement ayant à l’époque voté une loi “sur la sortie progressive de l’énergie nucléaire à des fins de production industrielle d’électricité”. L’objectif était de fermer les trois réacteurs les plus anciens dès 2015 et ensuite d’arrêter la production d’électricité des quatre derniers entre 2022 et 2025. Pour se permettre de se passer de ces centrales, il fallait évidemment suffisamment d’alternatives pour produire de l’énergie, une question qui continueait à faire débat. Fin décembre 2021, les partenaires gouvernementaux avaient convenu de prendre une décision sur l’avenir de l’approvisionnement énergétique de la Belgique ce 18 mars. Sila plupart des partis plaidaient pour la fermeture des centrales nucléaires en 2025, le fait que la Russie envahisse l’Ukraine aura donc bel et bien changer la donne.

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