L’économie russe devrait souffrir à court et moyen terme de l’arsenal de sanctions économiques lancées après son invasion de l’Ukraine, malgré ses tentatives pour réduire son interdépendance financière avec les pays occidentaux ces dernières années. Et l’impact pourrait s’étendre au-delà des frontières de la Russie.
Un impact déjà visible en Russie?
Record de faiblesse sur le rouble, fermeture de la Bourse de Moscou, hausse drastique des taux d’intérêt… Autant de conséquences lundi des sanctions sur l’économie et la finance russes. Elles découlent notamment de l’une des dernières mesures mises en place, le blocage d’une partie des réserves de change détenues par la banque centrale russe à l’étranger. Ces réserves sont normalement utiles lorsqu’elle souhaite soutenir sa devise, ce qui sera rendu beaucoup plus difficile par les sanctions.
“La taille de vos réserves détermine votre crédibilité à défendre votre taux de change”, rappelle Niclas Poitiers, chercheur à l’institut bruxellois Bruegel. “Les gens ont perdu la confiance dans leur système financier”, ajoute-t-il, ce qui explique le plongeon de la devise russe ainsi que les mouvements de retraits importants dans les banques.
Pour endiguer l’hémorragie, Moscou a interdit lundi à ses résidents de transférer des devises à l’étranger et oblige ses exportateurs à convertir une majeure partie de leurs revenus en roubles. Les sanctions économiques comprennent également des gels d’avoirs de banques et de personnes, l’exclusion de certaines banques du réseau d’échange interbancaire SWIFT, ainsi qu’un contrôle des exportations.
Court terme et plus long terme
Parmi ces sanctions, certaines auront un effet à court terme, telles que le gel des avoirs de personnalités considérées proches du régime, et d’autres à plus long terme, comme les restrictions à l’exportation de composants électroniques, souligne Olivier Dorgans, avocat spécialisé dans les sanctions au cabinet Ashurst.
Cela pourrait avoir un lourd impact sur l’économie: le FMI, qui visait en janvier, avant l’invasion de l’Ukraine, 2,8% de croissance en Russie cette année, a alerté jeudi sur un “important risque économique” dans la région. Les sanctions pourraient affecter la croissance russe à hauteur de 1 à 2 point de PIB, calculait déjà vendredi la société d’analyse Capital Economics, avant même le blocage des avoirs de la banque centrale ou des prochaines exclusions du réseau SWIFT. Elles pourraient aussi faire monter l’inflation, de l’ordre de 3 points selon la société d’analyse. En janvier celle-ci s’était déjà affichée à 8,7%.
La banque centrale russe a en urgence relevé lundi son taux directeur à 20% pour stopper l’hémorragie, risquant d’autant plus de ralentir la croissance.
Les sanctions peuvent-elles encore se durcir?
Les pays occidentaux disposent encore de marges de manoeuvre. Après avoir annoncé qu’un certain nombre de banques russes seraient exclues du système SWIFT, sans s’accorder encore sur lesquelles, ils pourraient opter pour une exclusion généralisée. Cette option est toutefois peu probable: “si nous poussons trop loin, c’est mauvais pour nous”, ont affirmé à l’AFP de hauts responsables européens. “C’est aussi mauvais pour l’avenir car cela nuirait à SWIFT comme infrastructure” et pousserait un peu plus les Russes dans les bras de la Chine.
De plus, plusieurs banques pourraient échapper à cette exclusion afin de préserver les livraisons d’énergie à l’Europe. Or pour le député européen et économiste Luis Garicano, “les sanctions ne valent rien si l’on ne s’attaque pas à l’énergie”, qui représente une large part du PIB russe.
Une autre arme consisterait, selon l’économiste et professeur à l’Université de Californie Gabriel Zucman, à viser le portefeuille des oligarques en gelant de manière plus large leurs avoirs à l’étranger. Selon lui, la moitié de la fortune du 0,01% des Russes les plus riches est détenue à l’étranger. L’économiste Thomas Piketty appelle quant à lui à taxer ces grandes fortunes à 10% ou 20%.
Des risques pour l’économie mondiale?
La stratégie en matière de sanctions depuis le début du conflit consiste à concentrer le plus possible leurs effets sur l’économie russe, et à minimiser les effets sur le reste du monde. Mais le conflit fait flamber les prix des matières premières, pesant sur des chaînes de production internationales déjà fortement perturbées par la reprise économique ayant suivi la pandémie. Les industriels souffrent par exemple de l’envolée des tarifs de l’électricité, et les compagnies aériennes de celle des carburants.
Fin janvier, le FMI avait déjà revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2022, à 4,4%, notamment en raison de perspectives d’inflation en hausse, à 3,9% dans les pays développés. La réponse à cette inflation galopante se pose avec insistance auprès des banquiers centraux, qui s’apprêtaient avant la guerre en Ukraine à durcir progressivement leur politique monétaire et risquent désormais d’étouffer la reprise.
Avec ce conflit, “les pressions inflationnistes se sont accrues alors même que les perspectives pour la croissance se sont atténuées” a affirmé lundi Claudio Borio, le chef du département économique de la banque des règlements internationaux.
Un impact déjà visible en Russie? Record de faiblesse sur le rouble, fermeture de la Bourse de Moscou, hausse drastique des taux d’intérêt… Autant de conséquences lundi des sanctions sur l’économie et la finance russes. Elles découlent notamment de l’une des dernières mesures mises en place, le blocage d’une partie des réserves de change détenues par la banque centrale russe à l’étranger. Ces réserves sont normalement utiles lorsqu’elle souhaite soutenir sa devise, ce qui sera rendu beaucoup plus difficile par les sanctions. “La taille de vos réserves détermine votre crédibilité à défendre votre taux de change”, rappelle Niclas Poitiers, chercheur à l’institut bruxellois Bruegel. “Les gens ont perdu la confiance dans leur système financier”, ajoute-t-il, ce qui explique le plongeon de la devise russe ainsi que les mouvements de retraits importants dans les banques. Pour endiguer l’hémorragie, Moscou a interdit lundi à ses résidents de transférer des devises à l’étranger et oblige ses exportateurs à convertir une majeure partie de leurs revenus en roubles. Les sanctions économiques comprennent également des gels d’avoirs de banques et de personnes, l’exclusion de certaines banques du réseau d’échange interbancaire SWIFT, ainsi qu’un contrôle des exportations. Court terme et plus long terme Parmi ces sanctions, certaines auront un effet à court terme, telles que le gel des avoirs de personnalités considérées proches du régime, et d’autres à plus long terme, comme les restrictions à l’exportation de composants électroniques, souligne Olivier Dorgans, avocat spécialisé dans les sanctions au cabinet Ashurst. Cela pourrait avoir un lourd impact sur l’économie: le FMI, qui visait en janvier, avant l’invasion de l’Ukraine, 2,8% de croissance en Russie cette année, a alerté jeudi sur un “important risque économique” dans la région. Les sanctions pourraient affecter la croissance russe à hauteur de 1 à 2 point de PIB, calculait déjà vendredi la société d’analyse Capital Economics, avant même le blocage des avoirs de la banque centrale ou des prochaines exclusions du réseau SWIFT. Elles pourraient aussi faire monter l’inflation, de l’ordre de 3 points selon la société d’analyse. En janvier celle-ci s’était déjà affichée à 8,7%. La banque centrale russe a en urgence relevé lundi son taux directeur à 20% pour stopper l’hémorragie, risquant d’autant plus de ralentir la croissance. Les sanctions peuvent-elles encore se durcir? Les pays occidentaux disposent encore de marges de manoeuvre. Après avoir annoncé qu’un certain nombre de banques russes seraient exclues du système SWIFT, sans s’accorder encore sur lesquelles, ils pourraient opter pour une exclusion généralisée. Cette option est toutefois peu probable: “si nous poussons trop loin, c’est mauvais pour nous”, ont affirmé à l’AFP de hauts responsables européens. “C’est aussi mauvais pour l’avenir car cela nuirait à SWIFT comme infrastructure” et pousserait un peu plus les Russes dans les bras de la Chine. De plus, plusieurs banques pourraient échapper à cette exclusion afin de préserver les livraisons d’énergie à l’Europe. Or pour le député européen et économiste Luis Garicano, “les sanctions ne valent rien si l’on ne s’attaque pas à l’énergie”, qui représente une large part du PIB russe. Une autre arme consisterait, selon l’économiste et professeur à l’Université de Californie Gabriel Zucman, à viser le portefeuille des oligarques en gelant de manière plus large leurs avoirs à l’étranger. Selon lui, la moitié de la fortune du 0,01% des Russes les plus riches est détenue à l’étranger. L’économiste Thomas Piketty appelle quant à lui à taxer ces grandes fortunes à 10% ou 20%. Des risques pour l’économie mondiale? La stratégie en matière de sanctions depuis le début du conflit consiste à concentrer le plus possible leurs effets sur l’économie russe, et à minimiser les effets sur le reste du monde. Mais le conflit fait flamber les prix des matières premières, pesant sur des chaînes de production internationales déjà fortement perturbées par la reprise économique ayant suivi la pandémie. Les industriels souffrent par exemple de l’envolée des tarifs de l’électricité, et les compagnies aériennes de celle des carburants. Fin janvier, le FMI avait déjà revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2022, à 4,4%, notamment en raison de perspectives d’inflation en hausse, à 3,9% dans les pays développés. La réponse à cette inflation galopante se pose avec insistance auprès des banquiers centraux, qui s’apprêtaient avant la guerre en Ukraine à durcir progressivement leur politique monétaire et risquent désormais d’étouffer la reprise. Avec ce conflit, “les pressions inflationnistes se sont accrues alors même que les perspectives pour la croissance se sont atténuées” a affirmé lundi Claudio Borio, le chef du département économique de la banque des règlements internationaux.