Le premier promoteur immobilier chinois est couvert de dettes et pourrait faire faillite en laissant des milliers de propriétaires, de créanciers et de sous-traitants sur le carreau. Et avoir un impact ailleurs dans le monde. Explications.
Evergrande, ce nom d’entreprise ne dit pas grand-chose en Europe. En Chine, cette entreprise est devenue en quelques années le plus gros promoteur immobilier du pays. Son fondateur, l’ancien métallo Xu Jiayin, est même devenu l’homme le plus riche de Chine en 2017.
L’heure de gloire semble cependant derrière le groupe immobilier qui a déclaré ce lundi 13 septembre qu’il faisait face à des “difficultés sans précédent”. Le groupe est criblé de dettes mais nie encore pour le moment la faillite. Si une faillite devait avoir lieu, elle aurait des conséquences financières colossales en Chine mais aussi dans d’autres endroits de la planète. Cette faillite pourrait même toucher l’Europe.
Autre mauvais signal : Standard et Poor’s a, mercredi 15 septembre, une nouvelle fois révisé à la baisse sa notation, la réduisant à “CC”, le groupe ne devrait très probablement pas honorer ses intérêts dans un futur proche.
L’entreprise est criblée de dettes
Les dettes du groupe Evergrande sont colossales. Le montant total de son endettement s’élèverait à plus de 300 milliards de dollars (260 milliards d’euros). La perspective d’une faillite imminente est prise très au sérieux en Chine, car elle ferait courir un risque au système financier, dans le pays mais aussi ailleurs dans le monde. En 2018, la Banque centrale a inscrit le groupe immobilier sur sa liste des conglomérats à surveiller en raison de son endettement excessif. Des mesures sont prises pour éviter la tache d’huile. En 2020, le régulateur a institué des limites à la dette dans l’immobilier. Evergrande a vendu également 28% de ses activités de gérance immobilière et commencé à céder des biens avec une grosse décote, détaille le site de France Info. En juin 2021, l’autorité de régulation lui a interdit de vendre un bien tant que les travaux ne sont pas achevés, alors qu’Evergrande se servait traditionnellement des dépôts d’acheteurs pour financer sa croissance, poursuit le site français.
Des créanciers abandonnés, des sous-traitants sur le carreau
En début de semaine, la société a annoncé la couleur : elle pourrait ne pas être en mesure de payer ses créanciers. La panique a envahi les personnes qui avaient investi dans l’entreprise immobilière, en tant que “placement refuge”, avec la promesse d’un retour sur investissement élevé.
La chute d’Evergrande pourrait avoir de graves conséquences sur l’emploi en Chine. La société dit employer 200.000 personnes, mais en termes de sous-traitance, cela monte à 3,8 millions d’emplois. Les sous-traitants en question pourraient eux aussi se retrouver sur le carreau suite à des problèmes de liquidités, alerte le site France Info. De nombreux travaux de construction immobilière ont déjà été stoppés dans le pays.
Le rêve de propriété de centaines de milliers de Chinois pourrait tourner en véritable cauchemar. La plupart ont déjà versé un acompte pour s’installer dans l’appartement qu’ils ont commandé. Bien souvent, la construction n’est toujours pas achevée et nul ne sait s’ils pourront un jour l’occuper. Selon des experts, le groupe doit encore achever 1,4 million de logements pour une valeur totale de 170 milliards d’euros.
C’est le cas de Ji Wencgen qui n’en dort plus: six mois après avoir payé 85.000 euros pour réserver un appartement, elle attend toujours qu’Evergrande lui en remette les clés, mais le géant de l’immobilier n’honore plus ses engagements. Désormais, les réseaux sociaux regorgent de témoignages de petits investisseurs qui redoutent de ne jamais récupérer leur bien.
L’un d’entre eux raconte qu’il a acheté un appartement à Kunming (sud-ouest), qui devait être achevé le mois dernier, mais que l’immeuble n’est toujours pas fini et que le chantier est désert.
En août, plusieurs centaines d’acheteurs ont manifesté devant le siège du groupe à Shenzhen (sud) pour exiger un remboursement, d’après des images diffusées sur le réseau social Weibo.
Dans un pays toujours officiellement communiste, la propriété immobilière est une marque importante de statut social. Elle est même souvent une condition pour qu’un homme puisse se marier.
Le secteur tient une place considérable dans l’économie – il représente plus du quart des investissements dans le pays.
La restructuration est floue
L’avenir d’Evergrande est flou. Le gouvernement chinois semble déterminé à reprendre la main sur le dossier, quitte à contraindre l’entreprise à mettre la clé sous la porte. Toute la question est de savoir comment une éventuelle cessation de paiements serait gérée par Pékin.
Les experts penchent plutôt pour une restructuration pilotée par le gouvernement permettant d’éponger les dettes tout en maintenant certaines activités de l’entreprise afin de limiter les pertes. D’autres experts supposent, au contraire, que le régime communiste n’a pas vraiment intérêt à sauver Evergrande au moment où il s’en prend à de grands noms du secteur privé, particulièrement dans le numérique.
Le tour de vis réglementaire de Pékin “n’avait pas besoin d’être aussi agressif”, commentent des experts de la Bank of America, cités par l’agence Bloomberg. Ces derniers redoutent des conséquences sur la demande industrielle et la consommation.
Eviter une explosion de la colère populaire
Le cabinet Capital Economics prédit toutefois qu’en cas de faillite le pouvoir pourrait privilégier les petits investisseurs comme Mme Ji pour éviter une explosion de colère populaire.
Celle-ci ne compte plus guère sur l’appartement qu’elle a acheté dans la province orientale du Jiangxi. Elle se contenterait de pouvoir au moins récupérer son argent, un placement offert par ses parents. “Quand j’ai acheté cet appartement je faisais confiance à Evergrande”, raconte-t-elle dépitée.
Vers une déferlante à la Lehman Brothers ?
La déroute du groupe immobilier chinois n’est pas sans conséquence. “Il est possible qu’un fonds spéculatif américain ait acheté de la dette d’Evergrande et doive vendre d’autres positions pour se couvrir, ce qui pourrait provoquer un effet domino“, précise à l’AFP Alexandre Baradez, analyste chez IG France. Toutefois, explique Alexandre Baradez, “le marché n’est pas surpris comme il a pu l’être à l’époque avec Lehman Brothers“, la banque américaine dont la faillite spectaculaire en 2008 a précipité la crise financière mondiale. Pour l’heure, les marchés ne semblent pas craindre de risque majeur de contagion.
Evergrande, ce nom d’entreprise ne dit pas grand-chose en Europe. En Chine, cette entreprise est devenue en quelques années le plus gros promoteur immobilier du pays. Son fondateur, l’ancien métallo Xu Jiayin, est même devenu l’homme le plus riche de Chine en 2017. L’heure de gloire semble cependant derrière le groupe immobilier qui a déclaré ce lundi 13 septembre qu’il faisait face à des “difficultés sans précédent”. Le groupe est criblé de dettes mais nie encore pour le moment la faillite. Si une faillite devait avoir lieu, elle aurait des conséquences financières colossales en Chine mais aussi dans d’autres endroits de la planète. Cette faillite pourrait même toucher l’Europe. Autre mauvais signal : Standard et Poor’s a, mercredi 15 septembre, une nouvelle fois révisé à la baisse sa notation, la réduisant à “CC”, le groupe ne devrait très probablement pas honorer ses intérêts dans un futur proche.Les dettes du groupe Evergrande sont colossales. Le montant total de son endettement s’élèverait à plus de 300 milliards de dollars (260 milliards d’euros). La perspective d’une faillite imminente est prise très au sérieux en Chine, car elle ferait courir un risque au système financier, dans le pays mais aussi ailleurs dans le monde. En 2018, la Banque centrale a inscrit le groupe immobilier sur sa liste des conglomérats à surveiller en raison de son endettement excessif. Des mesures sont prises pour éviter la tache d’huile. En 2020, le régulateur a institué des limites à la dette dans l’immobilier. Evergrande a vendu également 28% de ses activités de gérance immobilière et commencé à céder des biens avec une grosse décote, détaille le site de France Info. En juin 2021, l’autorité de régulation lui a interdit de vendre un bien tant que les travaux ne sont pas achevés, alors qu’Evergrande se servait traditionnellement des dépôts d’acheteurs pour financer sa croissance, poursuit le site français. En début de semaine, la société a annoncé la couleur : elle pourrait ne pas être en mesure de payer ses créanciers. La panique a envahi les personnes qui avaient investi dans l’entreprise immobilière, en tant que “placement refuge”, avec la promesse d’un retour sur investissement élevé. La chute d’Evergrande pourrait avoir de graves conséquences sur l’emploi en Chine. La société dit employer 200.000 personnes, mais en termes de sous-traitance, cela monte à 3,8 millions d’emplois. Les sous-traitants en question pourraient eux aussi se retrouver sur le carreau suite à des problèmes de liquidités, alerte le site France Info. De nombreux travaux de construction immobilière ont déjà été stoppés dans le pays.Le rêve de propriété de centaines de milliers de Chinois pourrait tourner en véritable cauchemar. La plupart ont déjà versé un acompte pour s’installer dans l’appartement qu’ils ont commandé. Bien souvent, la construction n’est toujours pas achevée et nul ne sait s’ils pourront un jour l’occuper. Selon des experts, le groupe doit encore achever 1,4 million de logements pour une valeur totale de 170 milliards d’euros.C’est le cas de Ji Wencgen qui n’en dort plus: six mois après avoir payé 85.000 euros pour réserver un appartement, elle attend toujours qu’Evergrande lui en remette les clés, mais le géant de l’immobilier n’honore plus ses engagements. Désormais, les réseaux sociaux regorgent de témoignages de petits investisseurs qui redoutent de ne jamais récupérer leur bien. L’un d’entre eux raconte qu’il a acheté un appartement à Kunming (sud-ouest), qui devait être achevé le mois dernier, mais que l’immeuble n’est toujours pas fini et que le chantier est désert.En août, plusieurs centaines d’acheteurs ont manifesté devant le siège du groupe à Shenzhen (sud) pour exiger un remboursement, d’après des images diffusées sur le réseau social Weibo. Dans un pays toujours officiellement communiste, la propriété immobilière est une marque importante de statut social. Elle est même souvent une condition pour qu’un homme puisse se marier.Le secteur tient une place considérable dans l’économie – il représente plus du quart des investissements dans le pays.L’avenir d’Evergrande est flou. Le gouvernement chinois semble déterminé à reprendre la main sur le dossier, quitte à contraindre l’entreprise à mettre la clé sous la porte. Toute la question est de savoir comment une éventuelle cessation de paiements serait gérée par Pékin.Les experts penchent plutôt pour une restructuration pilotée par le gouvernement permettant d’éponger les dettes tout en maintenant certaines activités de l’entreprise afin de limiter les pertes. D’autres experts supposent, au contraire, que le régime communiste n’a pas vraiment intérêt à sauver Evergrande au moment où il s’en prend à de grands noms du secteur privé, particulièrement dans le numérique.Le tour de vis réglementaire de Pékin “n’avait pas besoin d’être aussi agressif”, commentent des experts de la Bank of America, cités par l’agence Bloomberg. Ces derniers redoutent des conséquences sur la demande industrielle et la consommation.Le cabinet Capital Economics prédit toutefois qu’en cas de faillite le pouvoir pourrait privilégier les petits investisseurs comme Mme Ji pour éviter une explosion de colère populaire.Celle-ci ne compte plus guère sur l’appartement qu’elle a acheté dans la province orientale du Jiangxi. Elle se contenterait de pouvoir au moins récupérer son argent, un placement offert par ses parents. “Quand j’ai acheté cet appartement je faisais confiance à Evergrande”, raconte-t-elle dépitée. Vers une déferlante à la Lehman Brothers ? La déroute du groupe immobilier chinois n’est pas sans conséquence. “Il est possible qu’un fonds spéculatif américain ait acheté de la dette d’Evergrande et doive vendre d’autres positions pour se couvrir, ce qui pourrait provoquer un effet domino”, précise à l’AFP Alexandre Baradez, analyste chez IG France. Toutefois, explique Alexandre Baradez, “le marché n’est pas surpris comme il a pu l’être à l’époque avec Lehman Brothers”, la banque américaine dont la faillite spectaculaire en 2008 a précipité la crise financière mondiale. Pour l’heure, les marchés ne semblent pas craindre de risque majeur de contagion.