Fawaz Al Bitar, directeur général de la Fédération des entreprises oeuvrant à la transition énergétique, refuse de croire à une “législature perdue” en Wallonie. Pourtant, il dénonce la paralysie régionale et le syndrome Nimby au niveau local.
Fawaz Al Bitar est directeur général d’EDORA, la fédération des entreprises développant des produits et services tournés vers la transition énergétique. S’il se réjouit de l’évolution vers une Belgique 100% renouvelable, il est très critique sur les moyens dégagés pour y arriver. Singulièrement en Wallonie.
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Fawaz Al Bitar est directeur général d’EDORA, la fédération des entreprises développant des produits et services tournés vers la transition énergétique. S’il se réjouit de l’évolution vers une Belgique 100% renouvelable, il est très critique sur les moyens dégagés pour y arriver. Singulièrement en Wallonie. La Belgique est à la croisée des chemins énergétiques. C’est la perspective d’une évolution positive, selon vous?Nous rentrons dans quelques semaines qui sont cruciales pour le débat énergétique en Belgique. Il a la COP 26 à Glasgow, la décision sur le CRM, le nucléaire et puis il y a les actions concrètes que les gouvernements régionaux doivent entreprendre. Nous sommes aussi dans une dynamique de révision à la hausse des objectifs climatiques avec le fameux Pass 2030 en Wallonie, le plan national énergie-climat en Belgique… Tout cela est potentiellement bien et bon, malheureusement, quand on voit ce qui se passe sur le terrain, c’est moins bon.Pourquoi dites-vous cela?Au niveau politique, la révision à la hausse des objectifs climatiques est positive, mais sur le terrain, par rapport aux facilitations du développement du photovoltaïque et de l’éolien, on n’y est pas du tout. Le grand enjeu, au-delà de prendre des engagements, c’est aussi de pouvoir les mettre en oeuvre.En terme d’octroi de permis?Tout à fait. A l’heure actuelle, il y a toujours ce flou par rapport à l’échéancier de sortie du nucléaire, ce qui n’est pas bon du tout pour la sécurité des investissements. Pour les filières renouvelables, c’est d’autant plus mauvais qu’il y a toujours cette possibilité de se reposer sur ce nucléaire pendant un certain temps. Cela décourage les politiques locales à prendre en main la transition énergétique. Or, cette transition nécessite des nouveaux investissements, une modification du paysage énergétique local. Quand vous décidez d’installer des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques, cela peut avoir des influences sur le paysage et cela peut susciter des oppositions locales. On est en permanence confronté à la dichotomie entre les enjeux locaux et les enjeux globaux. Le fameux syndrome Nimby (Not in my backyard), ce sont des choses qui se passent aussi bien au niveau local qu’au niveau politique. En Wallonie ou ailleurs, les politiques sont de plus en plus dans cette situation où ils se disent favorables au renouvelable, tout en se demandant pourquoi ils devraient l’installer dans leur commune. Il y a aussi le grand mouvement anti-éolien en Wallonie, qui ne se dit pas anti-renouvelable pour autant qu’on les mette en mer, mais ce sont les mêmes qui vont s’opposer au renforcement de la ligne Elia dans la fameuse Boucle du Hainaut permettant de connecter les éoliennes en mer. Nous sommes dans une situation où le Nimby est partout. Tout le monde est d’accord pour dire que les énergies renouvelables ont un effet positif sur le climat et sur l’environnement, mais on met en garde par ailleurs au sujet des risques des éoliennes sur certaines espèces, même s’il y a des technologies qui permettent aujourd’hui d’éviter la mortalité des chauve-souris et des oiseaux.On parle beaucoup de la nécessité d’une solidarité suite à la crise Covid, pour moi il doit aussi y avoir une solidarité environnementale que l’on n’a plus vraiment. C’est bien de prendre des objectifs, que ce soit à la COP ou dans des déclarations de politique fédérale ou régionale, mais sur le terrain, c’est autre chose.Revenons sur ce flou concernant la décision sur la sortie du nucléaire. Tinne Van der Straeten, ministre fédérale de l’Energie, laissait entendre récemment qu’Engie a pratiquement décidé de fermer ses centrales. Chez Engie, on dit attendre le cap fixé par la politique. La décision pourrait être prise rapidement. Si on entérine la fermeture de toutes les centrales, l’objectif affiché est 100% de renouvelable, mais on sait aussi qu’il y aurait des centrales au gaz pour combler les trous. Cette perspective est possible? Souhaitable? Se heurte-t-elle aux obstacles dont vous parlez ?J’ai aussi entendu la ministre Van der Straeten, elle a sa communication actuelle, mais tant qu’il n’y a pas de décision, cela pourra toujours être remis en cause. A côté de ça, on entend d’autres partis politiques, remettre en cause cette perspective, c’est le cas de certains au MR et surtout, au nord, de la N-VA. Cela pourrait même avoir des conséquences sur les permis octroyés aux centrales au gaz.Zuhal Demir (N-VA), ministre flamande de l’Energie, freine déjà très fort…Exactement. Il y a beaucoup de projets possibles pour les CRM, mais encore faut-il qu’ils aient un permis. On rentrer dans une nouvelle période d’incertitude. Si on arrivait enfin à avoir une clarté définitive au sujet de cette échéance pour le nucléaire, ce serait une très bonne chose pour nous. Mais il faut aussi éviter de tomber dans l’autre extrême qui consisterait de vouloir toujours se sécuriser au maximum en voulant trop de centrales au gaz. Nous nous opposons à cela parce que l’on risque de s’emprisonner pendant trop longtemps dans des technologies qui ne sont pas environnementales, qui dégagent du CO2.Il faut trouver le bon équilibre entre la sortie du nucléaire et cette alternative du gaz?En fait, nous étions encore dans une logique où l’on avait une capacité de production quasi constante toute l’année, comme c’est le cas avec le nucléaire. Avec la transition énergétique, on va dans une logique beaucoup plus dynamique, avec un système énergétique beaucoup plus flexible. Il ne s’agit donc pas de se dire que si l’on ferme X Gigawatts de nucléaire, on va les remplacer par le même nombre de Gigawatts de nucléaire: mais non, pas du tout ! Dans un tel système, on se rend compte que certaines centrales au gaz ne fonctionneraient que quelques heures par an, ce qui n’a pas de sens. Et si elles sont là, autant les utiliser.Il faut donc beaucoup mieux maximiser le potentiel de flexibilité. Cela passerait par exemple par une tarification beaucoup plus intelligente pour empêcher les gens de lancer leur machine à laver ou leur lave-vaisselle le soir, au moment du pic de consommation. Cela sera plus flagrant encore avec la hausse des véhicules électriques : il ne faudrait pas que tout le monde branche son véhicule électrique le soir en rentrant du boulot, évidemment. Le consommateur doit devenir un acteur et coupler ces outils de flexibilité avec du stockage.On va dans ce sens-là ou pas assez vite?Personnellement, je pense qu’on n’y va pas assez. A l’heure actuelle, on n’a toujours pas tourné la page du système électrique de papa, très centralisé. Il y a encore beaucoup trop le réflexe de se dire que l’éolien, c’est bien, mais quand il n’y a pas de vent, qu’est-ce qu’on fait ou que le solaire, c’est bien, mais quand il n’y a pas de solaire, qu’est-ce qu’on fait? On oublie d’abord que ce sont deux technologies qui sont très complémentaires: souvent, quand il y a du soleil, il y a moins de vent et vice-versa. Leurs profils de production sont négativement corrélés pendant 70% de l’année. Il reste évidemment une dizaine de pourcents de l’année où il y a peu de soleil et peu de vent, ce qui est un problème. Pour cela, il faut pouvoir développer dès maintenant une réflexion sur les outils de stockage et on voit que ça manque. Elia prévoit une augmentation de la flexibilité et des capacités de stockage, mais cela est insuffisant à nos yeux, on pourrait aller beaucoup plus loin. Prenons l’exemple des projets d’agrandissement de Coo, je suis surpris de voir qu’Engie avait prévu un troisième bassin et qu’à nouveau ce permis ne pourra pas voir le jour alors que les enjeux sont tels que l’on en aurait besoin.On en revient sur le fait que l’octroi des permis, c’est un problème. Si on veut avoir de l’ambition, il faut pouvoir octroyer des permis et investir. Bien sûr, cela a un coût, mais il faut se rendre compte que l’on est à la fin d’un cycle, les outils de production actuels sont trop vieux, il faut les remplacer.Le plan d’investissements présenté par le gouvernement fédéral prévoit pas mal d’investissements dans la transition énergétique, notamment au niveau de l’éolien off-shore, est-ce important? Une étude du Bureau du plan évoque les hub off-shore connectés avec les Pays-Bas et le Danemark, le CEO d’Elia insiste sur cette interconnexion, est-ce un autre clé?Cela fait très longtemps que l’on parle de l’interconnexion en mer du Nord. Elles ont vu le jour avec le câble Nemo avec le Royaume-Uni, d’autres câbles ont vu le jour. C’est une bonne chose. Maintenant, le partage de la production entre les pays de la mer du Nord, cela avait été mis sur la table quand Paul Magnette était ministre fédéral de l’Energie, en 2009, j’ai l’impression en entendant Enia qu’on n’a pas beaucoup progressé depuis lors. Sur le terrain, en réalité, on est plus évolué, il y a plus d’interconnexions qu’alors, mais les réflexions en ce qui concerne le partage de la production pour profiter de ce foisonnement de la mer du Nord, on n’y est pas encore.Au-delà de ça, nous sommes déjà un des pays les plus interconnectés en Europe, beaucoup plus que la moyenne, et que l’on se heurte à certaines barrières politiques: chaque pays a besoin d’avoir sa propre autonomie énergétique, on l’a vu quand l’Allemagne a suscité une sortie plus rapide du nucléaire, quelle panique cela a créé auprès des pays voisins. Et au-delà de cette interconnexion, qui va jouer un rôle important, il y a aussi tout le travail en interne.C’est très bien de tirer le meilleur profit possible de la mer du Nord, chez nous, mais son potentiel est limité. C’est déjà formidable qu’avec 65 kilomètres de côte, on soit dans le top 5 mondial. On va encore continuer à l’être pendant un certain temps grâce aux nouvelles perspectives, mais on ne pourra pas développer cela à l’infini. Qui plus est, je pense qu’on doit aller vers un système de plus en plus décentralisé et ce ne serait pas non plus une bonne chose de remplacer la centralisation du passé par une nouvelle centralisation en mettant tous nos oeufs dans le même panier. Il faut pouvoir non seulement développer l’off shore de manière plus rapide, parce que cette nouvelle phase ne démarrait qu’après la sortie du nucléaire, ce qui est dommage évidemment. Mais il faut aussi développer le renouvelable sur terre et ne pas utiliser le prétexte de ce développement sur mer. Nous avons besoin des deux.Dans les investissements programmés, vous avez le sentiment que l’on met effectivement trop ses oeufs dans le même panier?Je ne pense pas. Le fédéral, en réalité, n’a pas énormément de compétences, il a la compétence au niveau énergétique du nucléaire et de l’off shore, il est donc tout à fait logique qu’il investisse l’argent du plan de relance de manière durable dans leurs compétences.Il faut voir maintenant comment cela va se traduire au niveau régional. C’est plutôt là que le vrai enjeu va se jouer.Et il n’y a pas encore assez d’éléments clairs, selon vous?Non, on n’a pas assez d’élément clair. Actuellement, la politique énergétique régionale piétine. On a du mal à voir où elle veut vraiment aller. Au niveau wallon, le ministre Philippe Henry a déjà lancé depuis pas mal de temps la fameuse Pax Eolienica, destinée à faciliter le développement éolien sur le territoire wallon. Après un an et demi de législature, elle a seulement été lancée timidement en juin 2021, mais il n’y a toujours rien qui en sort, alors qu’il faut des mesures urgentes pour savoir si l’on installer les meilleures énergies éoliennes demain sur le sol wallon, oui ou non. Actuellement, on n’installe pas les meilleures technologies. Il faut aussi dire que c’est un secteur qui est soumis à énormément de contraintes au niveau juridique et au niveau de l’aménagement du territoire. Il faut prendre une série de mesures si l’on veut se donner les moyens de pouvoir produire assez de renouvelable. Au niveau du photovoltaïque, c’est la même chose, on entend certains ministres du gouvernement – Jean-Luc Crucke pour ne pas le citer – remettre en cause l’objectif éolien, qui serait trop élevé, en affirmant qu’il faut le remplacer par du photovoltaïque, mais quand il a eu ce dossier sur la table en tant que ministre de l’Aménagement du territoire et de l’agriculture, il a carrément fermé la porte au photovoltaïque “grand système”. C’est quand même un fameux problème parce que ce sont justement ces grands systèmes sur les terres agricoles qui feront la différence. Je ne dis pas qu’il faut en mettre partout évidemment, il faut n’en mettre que dans certaines zones en bonne interaction avec l’agriculture ou dans des zones qui sont impropres à la culture. Mais fermer la porte à ce système, c’est fermer la porte toute une possibilité de production renouvelable à moindre coût.C’est comme pour les éoliennes de plus grande taille, avec une technologie performante. Pour le moment, les éoliennes que l’on installe en Wallonie sont dans la gamme des 5% des éoliennes les plus petites vendues actuellement en Europe. Ce ne sont pas du tout des machines extrêmement performantes. De même, si la Wallonie ne décidait de remplir ses objectifs photovoltaïques avec des petits systèmes, on aurait des systèmes moins performants et beaucoup plus coûteux. A l’heure où l’on essaye de réduire la facture énergétique le plus possible, on se rend compte qu’il serait peut-être temps de passer à des modes de financement moins coûteux.C’est notamment le phénomène Nimby qui est à l’origine de ce manque de courage politique?Je pense que l’on était dans une situation qui était tellement confortable ces dernières années avec cette possibilité qui allait quasiment à l’infini de prolonger le nucléaire. C’était une situation de surcapacité. Il y a eu un petit moment, quand il y a eu des incidents nucléaires, où on a eu un petit stress au niveau de la capacité et de l’adéquation. Mais globalement, on était dans une situation confortable. On peut effectivement se mettre à la place des politiques qui se disaient, dès lors, pourquoi viendrait-on perturber l’environnement de mes concitoyens alors que l’on aura toujours assez de capacité.Il faut, à mon avis, ne plus se mettre dans une situation de surcapacité.Le risque, c’est que les centrales au gaz pallient ça et reproduisent la même situation?Exactement, c’est le risque. L’autre élément, c’est qu’il faut se doter d’une vraie stratégie énergétique intégrée au niveau de tout le gouvernement wallon. Ici, j’ai l’impression qu’il y a un ministre Henry avec ses objectifs énergétiques, mais que derrière, la politique d’octroi des permis n’est pas forcément liée à ces objectifs. C’est une politique d’octroi des permis qui est davantage liée à une analyse locale des choses.Il faut aussi dire que la politique des permis s’est complexifiée en Wallonie. Alors que la Région était un des pionniers européens en matière de permis unique, on a redivisé la compétence entre la ministre de l’Environnement, Céline Tellier, et le ministre de l’aménagement du territoire, Willy Borsus. Pour octroyer un permis unique, il faut l’aval des deux ministres qui ont bien souvent des objectifs diamétralement opposés : la ministre Tellier semble tellement liée au département Nature et Forêt qui a une vision très particulière et très locale des choses au niveau environnemental. Quand ce département émet des objectifs sur un projet, la ministre ne va pas, à notre sens, utiliser suffisamment son pouvoir d’arbitrage pour dépasser la préoccupation locale au nom d’un intérêt global supérieur. Le ministre Borsus, lui, est surtout préoccupé par l’aspect “terres agricoles” d’une part, mais aussi par des oppositions locales.Cela induit une forme de paralysie?Une forme de paralysie, oui. Par le passé, il y avait un seul ministre qui octroyait les permis et le secteur pouvait composer et programmer des projets qui correspondent à la vision politique du ministre en question. Mais quand on a des ministres aux visions politiques diamétralement opposées, c’est extrême difficile de plaire aux deux et d’avoir des projets qui sont cohérents avec leur ligne. Cette politique d’octroi des permis n’est par ailleurs pas en ligne avec les objectifs énergétiques et environnementaux globaux de la Région.Nous sommes dans une situation… où nous sommes un peu perdus, en fait. Et nous sommes en droit de nous poser des questions au sujet de la capacité à atteindre les objectifs environnementaux et climatiques de la Wallonie. C’ets la première Région à avoir affirmé qu’elle irait jusqu’à moins 55% des émissions de C02. Elle a eu énormément d’ambition mais après deux ans de législature, certains autres acteurs parlent de législature perdue, pour ma part je ne peux pas croire que ce sera le cas. Il y a encore moyen de la sauver, mais il est minuit moins une.Le moment clé de la COP pourrait être un déclencheur?On l’espère. J’espère que cette COP couplée à une clarté sur l’échéancier de sortie du nucléaire pourrait être le détonateur suffisant. Mais ce n’est pas suffisant et il faut vraiment se dire qu’il faut aller au-delà des jeux politiques éventuels. Quand un gouvernement s’engage à des objectifs, ce n’est pas le seul ministre en charge de cet objectif qui en est le responsable, cela engage l’ensemble du gouvernement. C’est un peu facile de jeter la pierre à tel ou tel ministre : pour moi, il s’agit d’une faillite collective. C’est en raison d’un contexte général que ces trois ministres ne font pas tout ce qu’ils devraient faire pour respecter les engagements de la Région.Et au niveau fédéral, on ne peut pas trop leur jeter la pierre pour l’instant parce qu’une série de choses se mettent en place, mais les compétences à ce niveau restent limitées.S’il y avait une clarté des choix politiques, les acteurs du secteur de l’énergie sont-ils prêts à accomplir tout ce qu’il faut pour atteindre ces objectifs?La capacité est là, les projets foisonnent. Je vais vous donner un seul exemple: en Wallonie, il a actuellement plus de 1000 MW installés et dans les cartons, il y en a 2500 MW. Avec des acteurs essentiellement wallons?Il y a de tout. Parmi nos membres, vous avez des grosses entreprises intégrées du genre Engie, Luminus et Enerco, mais il y a aussi une série de plus petits acteurs, de PME wallonne et des coopératives citoyennes. Quand je suis arrivé chez Edora il y a dix ans, les projets étaient souvent l’oeuvre d’acteurs industriels, c’est désormais du codéveloppement entre acteurs industriels, mais également avec des communes et avec des coopératives citoyennes. Cet ancrage local, il est là, de plus en plus pregnant. Pour nous, c’est une très bonne chose parce que l’enjeu de demain, ce n’est pas la centralisation, mais la décentralisation. Tout un microcosme peut créer une communauté d’énergie renouvelable, qui peut vivre pratiquement en autarcie. C’est intéressant parce que sociétalement, pour nous, c’est beaucoup moins coûteux parce qu’il faudra faire moins de frais importants en renforcement de réseaux. De plus en plus, ces communautés d’énergie renouvelable ne seront plus amenées à utiliser le réseau.Là encore, cela demande un cadre et nous attendons la mise en place de cette législation sur les communautés d’énergie renouvelables. Actuellement, cela reste compliqué à mettre en oeuvre. Ce sont tous ces éléments qui doivent avancer de concert et le gouvernement est souvent paralysé et ne travaille que sur un dossier à la fois. Les inondations les ont monopolisés jusqu’à présent, c’est bien compréhensible, mais il faut faire aussi en sorte que demain, on puisse anticiper tous ces problèmes. Il ne faut pas toujours courir après les événements, il faut les anticiper. Nous sommes une partie de la solution aux problèmes qui les occupent maintenant.Votre secteur représente une vraie force économique?Tout à fait. Ce qui est particulier, c’est que c’est moins une force économique en emploi direct qu’en emplois induits. En Belgique, il y a plusieurs milliers d’emplois liés au renouvelable, mais ce sont surtout des emplois locaux qui sont intéressants et qui sont permis grâce à l’emploi du renouvelable, que ce soit en amont des projets (bureaux d’études, cabinets, architectes, juristes), mais aussi en aval au niveau de la maintenance, de la préparation des sites. Il y a toute une filière qui s’est créée. Si l’on peut toujours regretter de ne pas avoir un grand assembleur éolien comme en Allemagne ou au Danemark, avec plusieurs milliers d’emplois, l’avantage, c’est que nous sommes précisément moins sensibles à la santé de ces quelques gros acteurs. Quand de grands acteurs sont tombés en faillite, voici quelques années, ces pays avaient peur, ils vacillaient un peu.Cette dispersion des acteurs joue-t-elle un rôle dans la difficulté de mener un lobbying fort pour le secteur?Certainement, vous avez parfaitement raison.