Quinze mois après le début de la pandémie de coronavirus, le personnel hospitalier est au bout du rouleau, dénoncent les syndicats. La CNE, le SETCa et la CGSLB ont appelé les soignants à se mettre en grève ce jeudi en réponse au “rattrapage” à marche forcée, opéré par les directions hospitalières, des activités mises en suspens durant la crise.
Alors que les hôpitaux se vident peu à peu de leurs patients Covid, “de nombreuses directions veulent retrouver rapidement une rentabilité économique via des programmes hyper chargés dans une série de services” pour “‘rattraper ce qui n’a pas pu être fait”, voire “récupérer les recettes perdues lors du report des prestations'”, tout en “refusant d’embaucher des étudiants pendant les vacances”, fustigent les syndicats chrétien, socialiste et libéral. Confrontés à un afflux massif de patients, les hôpitaux ont dû, à plusieurs moments durant ces 15 derniers mois, suspendre certains soins non urgents pour libérer de la place et du personnel, alors redirigés vers les unités Covid. Le 6 avril, tous les hôpitaux du pays étaient ainsi passés en phase 2A, ce qui signifie que 60% des lits en soins intensifs devaient alors être disponibles pour les patients Covid.
Outre la crise sanitaire, les hôpitaux font également face à une pénurie structurelle de personnel infirmier. “Qu’ont fait les directions et les fédérations patronales pour lutter” contre ce phénomène, s’interrogent les syndicats, qui ne notent “aucune amélioration des conditions de travail, ni de la conciliation vie privée et professionnelle”.
Le front commun regrette par ailleurs que la campagne fédérale “choisis les soins”, lancée pour revaloriser les études d’infirmerie, ne trouve que peu d’écho auprès des directions. “Très peu d’hôpitaux se sont déclarés candidats comme employeur des étudiants. Plusieurs refusent même d’engager du personnel de soutien, en attendant de disposer de personnel infirmier sur le marché de l’emploi.”
Face à “l’agressivité accrue des patients et de leurs familles” envers les soignants, “le personnel a réellement besoin de souffler pendant l’été”, soulignent les syndicats.
Plus globalement, “l’accord non-marchand de 2017 n’est toujours pas mis en oeuvre”, souligne Nicolas Cahay, secrétaire permanent CNE. Cet accord prévoyait, entre autres, l’aménagement des fins de carrière, la formation individuelle, la stabilité des contrats ou encore la possibilité de prendre trois semaines de congé d’affilée.
Pourtant, le Fonds blouses blanches (né en octobre 2019 et pérennisé en juin 2020) a permis de débloquer 400 millions d’euros pour de l’emploi de soutien au personnel soignant. Une manne trop peu mise à profit, selon les syndicats. Il y a eu “très peu d’emplois réellement utiles à l’amélioration structurelle des conditions de travail, des justifications de dépenses totalement hors propos pour 2020 et une absence totale d’anticipation, notamment en matière de recherche de candidats à l’embauche”, pointent les représentants du personnel.
De plus, “malgré des mois de négociation et 100 millions d’euros dégagés” dans l’accord social de juillet 2020, quasiment aucune convention collective n’a été signée pour améliorer les conditions de travail et les fins de carrière, ajoutent-ils.
Enfin, “les fédérations d’employeurs ont bloqué depuis trois ans la conclusion d’un accord encadrant socialement la mise en place des réseaux hospitaliers (emplois, statut, mobilité, concertation). Dans le même temps, les mêmes employeurs mettent en place concrètement ces réseaux, sans aucune concertation”, accuse le front commun syndical.
Goutte supplémentaire dans une coupe déjà bien pleine, le refus, par certains hôpitaux, de prendre en compte le temps de vaccination pour le personnel qui n’était pas à l’horaire lors des séances de vaccination in situ. “Les fédérations patronales avaient pourtant promis cette prise en compte comme temps de travail”, s’indignent la CNE, le SETCa et la CGSLB.
Pour crier son ras-le-bol, le personnel des hôpitaux de Wallonie et de Bruxelles remettra ce jeudi un bulletin à chaque direction et aux fédérations patronales (Santhéa, Unessa et GIBBIS). Ce bulletin note sur 100 l’utilisation du Fonds blouses blanches en 2019, 2020 et 2021, la “prise en compte de la situation en fin de troisième vague”, les actions entreprises contre la pénurie infirmière ou encore le résultat des accords sociaux 2017 et 2020. “À vous de juger si votre direction est bonne élève”, concluent les syndicats.
En province de Liège, la mobilisation promet d’être “historique”, avec des employeurs amenés à réquisitionner du personnel pour assurer la continuité des services, selon la CSC Liège Verviers Ostbelgien. Pour garantir la sécurité des patients en cas de grève, un nombre minimum de travailleurs (comparable à un service de dimanche) doit en effet être présent. L’ordre de réquisition doit être remis en main propre au travailleur par la police. “Rien que pour le MontLégia, 132 réquisitions sont dénombrées”, précise Nicolas Cahay.
À Mons, une action est prévue sur la Grand-Place dès 10h00, où les travailleurs des hôpitaux de la région du Centre, de Mons, de Tournai et du Brabant wallon se rassembleront pour exprimer leur mécontentement.
Alors que les hôpitaux se vident peu à peu de leurs patients Covid, “de nombreuses directions veulent retrouver rapidement une rentabilité économique via des programmes hyper chargés dans une série de services” pour “‘rattraper ce qui n’a pas pu être fait”, voire “récupérer les recettes perdues lors du report des prestations'”, tout en “refusant d’embaucher des étudiants pendant les vacances”, fustigent les syndicats chrétien, socialiste et libéral. Confrontés à un afflux massif de patients, les hôpitaux ont dû, à plusieurs moments durant ces 15 derniers mois, suspendre certains soins non urgents pour libérer de la place et du personnel, alors redirigés vers les unités Covid. Le 6 avril, tous les hôpitaux du pays étaient ainsi passés en phase 2A, ce qui signifie que 60% des lits en soins intensifs devaient alors être disponibles pour les patients Covid. Outre la crise sanitaire, les hôpitaux font également face à une pénurie structurelle de personnel infirmier. “Qu’ont fait les directions et les fédérations patronales pour lutter” contre ce phénomène, s’interrogent les syndicats, qui ne notent “aucune amélioration des conditions de travail, ni de la conciliation vie privée et professionnelle”. Le front commun regrette par ailleurs que la campagne fédérale “choisis les soins”, lancée pour revaloriser les études d’infirmerie, ne trouve que peu d’écho auprès des directions. “Très peu d’hôpitaux se sont déclarés candidats comme employeur des étudiants. Plusieurs refusent même d’engager du personnel de soutien, en attendant de disposer de personnel infirmier sur le marché de l’emploi.”Face à “l’agressivité accrue des patients et de leurs familles” envers les soignants, “le personnel a réellement besoin de souffler pendant l’été”, soulignent les syndicats. Plus globalement, “l’accord non-marchand de 2017 n’est toujours pas mis en oeuvre”, souligne Nicolas Cahay, secrétaire permanent CNE. Cet accord prévoyait, entre autres, l’aménagement des fins de carrière, la formation individuelle, la stabilité des contrats ou encore la possibilité de prendre trois semaines de congé d’affilée. Pourtant, le Fonds blouses blanches (né en octobre 2019 et pérennisé en juin 2020) a permis de débloquer 400 millions d’euros pour de l’emploi de soutien au personnel soignant. Une manne trop peu mise à profit, selon les syndicats. Il y a eu “très peu d’emplois réellement utiles à l’amélioration structurelle des conditions de travail, des justifications de dépenses totalement hors propos pour 2020 et une absence totale d’anticipation, notamment en matière de recherche de candidats à l’embauche”, pointent les représentants du personnel. De plus, “malgré des mois de négociation et 100 millions d’euros dégagés” dans l’accord social de juillet 2020, quasiment aucune convention collective n’a été signée pour améliorer les conditions de travail et les fins de carrière, ajoutent-ils. Enfin, “les fédérations d’employeurs ont bloqué depuis trois ans la conclusion d’un accord encadrant socialement la mise en place des réseaux hospitaliers (emplois, statut, mobilité, concertation). Dans le même temps, les mêmes employeurs mettent en place concrètement ces réseaux, sans aucune concertation”, accuse le front commun syndical. Goutte supplémentaire dans une coupe déjà bien pleine, le refus, par certains hôpitaux, de prendre en compte le temps de vaccination pour le personnel qui n’était pas à l’horaire lors des séances de vaccination in situ. “Les fédérations patronales avaient pourtant promis cette prise en compte comme temps de travail”, s’indignent la CNE, le SETCa et la CGSLB. Pour crier son ras-le-bol, le personnel des hôpitaux de Wallonie et de Bruxelles remettra ce jeudi un bulletin à chaque direction et aux fédérations patronales (Santhéa, Unessa et GIBBIS). Ce bulletin note sur 100 l’utilisation du Fonds blouses blanches en 2019, 2020 et 2021, la “prise en compte de la situation en fin de troisième vague”, les actions entreprises contre la pénurie infirmière ou encore le résultat des accords sociaux 2017 et 2020. “À vous de juger si votre direction est bonne élève”, concluent les syndicats.En province de Liège, la mobilisation promet d’être “historique”, avec des employeurs amenés à réquisitionner du personnel pour assurer la continuité des services, selon la CSC Liège Verviers Ostbelgien. Pour garantir la sécurité des patients en cas de grève, un nombre minimum de travailleurs (comparable à un service de dimanche) doit en effet être présent. L’ordre de réquisition doit être remis en main propre au travailleur par la police. “Rien que pour le MontLégia, 132 réquisitions sont dénombrées”, précise Nicolas Cahay. À Mons, une action est prévue sur la Grand-Place dès 10h00, où les travailleurs des hôpitaux de la région du Centre, de Mons, de Tournai et du Brabant wallon se rassembleront pour exprimer leur mécontentement.