Leon et Stijn Van Rompay: “La Wallonie fait plus que la Flandre pour des entreprises comme les nôtres”

LA FIDUCIAIRE

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Leon Van Rompay et son fils Stijn sont chacun CEO d’une entreprise pharmaceutique cotée en Bourse, respectivement Mithra et Hyloris. “J’étais un rebelle, il l’est aussi”, explique le père dans une double interview sur leurs entreprises et le climat entrepreneurial en Wallonie

A71 ans, Leon Van Rompay est toujours aussi flamboyant qu’à la grande époque de Docpharma, l’entreprise qu’il a fondée en 1999. Deux ans plus tard, en pleine tourmente du nouveau millénaire, le Brabançon introduisait le fabricant et distributeur de médicaments génériques en Bourse et bombardait son fils aîné Stijn, à peine 24 ans à l’époque, au poste de CFO. Fils de boulanger, Leon n’a rien perdu de la verve et du sens de la répartie qui lui ont valu quelques prises de bec très médiatisées avec le monde politique et les instances médicales, auxquels il reprochait d’entraver l’essor des génériques. En 2005, quatre ans après l’entrée en Bourse, il vendait Docpharma au groupe indien Matrix Labs à quatre fois le cours d’introduction. Et à son 30e anniversaire, Stijn prenait la succession de son père au poste de CEO, dirigeant l’entreprise jusque fin 2008. Mais le fiston s’était déjà révélé comme serial entrepreneur. D’abord en lançant Uteron Pharma pour y transférer des projets de l’entreprise pharmaceutique liégeoise Mithra en compagnie de François Fornieri, le fondateur de cette dernière. Puis en vendant Uteron au groupe américain Allergan en 2013 – autre deal extrêmement lucratif.

A71 ans, Leon Van Rompay est toujours aussi flamboyant qu’à la grande époque de Docpharma, l’entreprise qu’il a fondée en 1999. Deux ans plus tard, en pleine tourmente du nouveau millénaire, le Brabançon introduisait le fabricant et distributeur de médicaments génériques en Bourse et bombardait son fils aîné Stijn, à peine 24 ans à l’époque, au poste de CFO. Fils de boulanger, Leon n’a rien perdu de la verve et du sens de la répartie qui lui ont valu quelques prises de bec très médiatisées avec le monde politique et les instances médicales, auxquels il reprochait d’entraver l’essor des génériques. En 2005, quatre ans après l’entrée en Bourse, il vendait Docpharma au groupe indien Matrix Labs à quatre fois le cours d’introduction. Et à son 30e anniversaire, Stijn prenait la succession de son père au poste de CEO, dirigeant l’entreprise jusque fin 2008. Mais le fiston s’était déjà révélé comme serial entrepreneur. D’abord en lançant Uteron Pharma pour y transférer des projets de l’entreprise pharmaceutique liégeoise Mithra en compagnie de François Fornieri, le fondateur de cette dernière. Puis en vendant Uteron au groupe américain Allergan en 2013 – autre deal extrêmement lucratif. Désormais âgé de 45 ans, Stijn Van Rompay a ensuite créé Alter Pharma et Hyloris. La première, active dans les médicaments génériques – à nouveau avec une plus-value de plusieurs millions – a été vendue au fonds d’investissement américain Riverside. La seconde, qui développe des médicaments existants pour de nouvelles applications, a été introduite en Bourse l’an dernier. Son père Leon n’est pas resté les bras croisés. En coulisses, il a multiplié les investissements et les sièges d’administrateurs. Jusqu’à ce qu’Ajit Shetty, l’ancien directeur de Janssen Pharmaceutica et actuel président de Mithra, lui demande de prendre la succession de François Fornieri, inculpé pour corruption et de détournement de fonds dans l’intercommunale liégeoise Nethys, comme CEO à titre intérimaire. Leon Van Rompay n’a pu refuser ce service à un ami. Il dit aujourd’hui vouloir rester CEO avec énormément de plaisir dans une double interview exclusive du père et du fils dans la magnifique demeure du premier, juste avant les vacances familiales annuelles. “Le meilleur moment de l’année”, affirme le patriarche à propos de ce voyage à Saint-Tropez avec ses trois enfants et six petits-enfants… Vous êtes à nouveau CEO à temps plein? LEON VAN ROMPAY. Je pars pour Liège chaque matin peu avant 7 h, et je reviens vers 20 h. Je mange un bout, discute un peu avec ma femme, et je recommence à travailler jusqu’à 1 h, parfois plus tard. Et après quatre, maximum cinq heures de sommeil, je repars. Pour de nombreuses personnes, cela représente deux boulots à temps plein. Mais j’y prends énormément de plaisir et j’aime Liège. Les Liégeois sont attachants, spontanés et toujours de bonne humeur, même quand il y a des problèmes. Vous ne deviez pourtant rester CEO que 12 mois? L.V.R. C’est ce que j’avais proposé. Je pensais qu’il serait plus aisé de vendre une telle formule à François ( Fornieri, Ndlr). Il espérait revenir comme CEO, mais il sait maintenant que ce sera compliqué. Tôt ou tard, il annoncera sans doute qu’il ne reviendra plus. Quand il saura que je veux rester, je suis convaincu qu’il dira “Laissez faire Leon”. Il peut venir à l’entreprise aussi souvent qu’il le veut. Comment va-t-il? L.V.R. Très bien. Ma présence est une bénédiction pour lui. Il me connaît bien, y compris mes défauts. Si j’en ai… ( il rit). J’ai énormément de respect pour ce qu’il a réalisé. Il a été beaucoup critiqué, on a dit qu’il commençait à se comporter comme le Roi-Soleil à Liège… L.V.R. C’est une autre histoire. Moi, j’avais déjà près de 50 ans quand j’ai créé Docpharma. J’étais peut-être un entrepreneur né, mais j’ai été façonné et formé pendant des dizaines d’années avant de devenir manager d’une entreprise pharmaceutique. On ne naît pas manager. Cela s’apprend. On m’a enseigné à diriger et étendre une équipe. François n’a pas eu cette formation. Il a commencé sa carrière en créant une entreprise. Chapeau. Mais il faisait tout lui-même. J’essaie aujourd’hui de construire une équipe. Aujourd’hui, je travaille 18 h par jour, mais dès que les choses commenceront à tourner, ce ne sera plus nécessaire. Il faut faire confiance et laisser ses collaborateurs prendre des décisions. Certains ont déjà beaucoup progressé depuis que je suis là. C’est très bien. C’est aussi beaucoup mieux pour François, et pour moi. Et il reste à bord. Je ne le laisserai jamais tomber. François Fornieri n’était pas un bon CEO? L.V.R. Je dis juste qu’il n’a pas eu la formation nécessaire pour devenir manager. Mais c’est un incroyable entrepreneur. Votre fils Stijn combinait les deux… L.V.R. Il a appris. Quand il est devenu CEO de Docpharma, lui aussi voulait tout décider lui-même au départ. Nous nous sommes souvent accrochés à ce propos. C’est sans doute la personne avec laquelle je me suis le plus disputé. Sur l’aspect business, bien entendu. En privé, il n’y a jamais eu le moindre problème. Mithra a décroché sa première approbation d’un produit avec la nouvelle pilule contraceptive Nextstellis. L’action ne s’est pas envolée… L.V.R. En réalité, elle a décollé. Mais Marc Coucke a vendu 5% des actions, puis François a commencé à vendre. Tout le monde sait qu’il a besoin de liquidités. Mais je m’attends à ce que l’action remonte. Le problème est que Mithra s’est trop focalisée sur l’approbation du produit, et pas assez sur ce qu’il peut rapporter. Personnellement, j’attends beaucoup plus de notre prochain produit suivant, Donesta, contre les bouffées de chaleur. Ce sera un fantastique blockbuster. Une femme proche de la ménopause a plus d’argent qu’une adolescente encore sur les bancs de l’école. STIJN VAN ROMPAY. L’action souffre d’une décote historique. Je connais François depuis des années et j’ai collaboré avec lui. C’est un bon partenaire, mais il a son caractère et tout le monde ne l’apprécie pas. Mais si Mithra était une entreprise américaine, elle vaudrait beaucoup plus cher aujourd’hui. Tant Mithra qu’Hyloris s’en sortiraient mieux aux Etats-Unis? S.V.R. Oui, et même sur Euronext Amsterdam. Mais la Belgique reste un pharmaland. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi Bruxelles pour notre introduction en Bourse. Ça va aller. Nous disposons des liquidités nécessaires pour faire ce que nous avons promis. Nous savons ce que nous faisons. Hyloris est en Bourse depuis plus d’un an. Tout s’est-il passé comme vous le pensiez? S.V.R. Il y a encore beaucoup plus d’opportunités que je le pensais. Le ciel bleu est vraiment tout bleu. Malheureusement, une journée ne compte que 24 h. Je me heurte en permanence à mes limites en tant qu’être humain. Mais pour les produits et les possibilités, il n’existe aucune limite. Nous avons promis d’ajouter en moyenne quatre produits par an à notre pipeline, mais nous allons dépasser cet objectif. Hyloris a deux produits approuvés, l’antidouleur Maxigesic IV et le Sotalol IV contre les troubles du rythme cardiaque, et ne cesse de gagner en notoriété. Recevez-vous déjà des marques d’intérêt? S.V.R. Il y a des contacts avec des gens qui demandent si nous pouvons discuter. Mais ils me connaissent et savent que c’est trop tôt. Nous avons 13 produits et nous en voulons 30 pour 2024. Dans notre secteur, le record d’approbations pour une entreprise est de 16 et c’était le fruit de 40 ans de travail. Cela donne une idée de ce que nous voulons réaliser. Ils doivent me laisser tranquille: dans trois ans, nous pourrons éventuellement discuter. Y compris pour une acquisition? S.V.R.. On peut en discuter, mais nous devons d’abord travailler sur la valorisation et à la liquidité. C’est un work in progress. Notre ambition est de faire d’Hyloris un grand du secteur. Hyloris, c’est vraiment du plaisir à l’état pur pour moi. Bâtir des entreprises, c’est ce qui vous plaît le plus? S.V.R. Oui. Etre CEO d’une entreprise, ce n’est pas mon truc. C’est ennuyeux. Je l’ai déjà fait, chez Mylan. Je préfère les deals. J’ai trois règles: je dois comprendre, je dois y gagner quelque chose, et je dois y prendre du plaisir. Si ces trois conditions ne sont pas remplies, cela ne m’intéresse pas. Et j’adore Hyloris. L.V.R. C’est la différence avec moi et Mithra. Je ne dois pas nécessairement y comprendre quelque chose… ( il rit) Hyloris aussi s’est installée à Liège. Pourquoi pas Gand ou Louvain? S.V.R. Parce que la Région wallonne crée un véritable hub pharmaceutique à Liège. Chaque mois, au moins une entreprise arrive de l’étranger. Il y fait bon vivre. Je trouve que la Région wallonne fait beaucoup plus que la Flandre pour les entreprises comme la nôtre. Une entreprise comme Mithra n’aurait pu exister sans l’appui des autorités locales. Et tout se passe toujours très bien. Les prêts publics sont remboursés, avec rendement. Et on recrute énormément. Pour résumer, tout le monde est heureux. Selon moi, une telle configuration n’existe pas en Flandre. D’ailleurs, nous emménagerons bientôt dans un nouveau bâtiment de 13.000 m2 qui hébergera plusieurs entreprises pharmaceutiques. C’est unique dans le Benelux. La présence de François n’y est pas non plus étrangère. Est-il bon d’appartenir à la garde rapprochée de François Fornieri? S.V.R. Absolument, mais c’est partout le cas, dans tous les secteurs. Il faut connaître des gens. Je connais ces histoires d’intrigues, mais je n’ai encore rien remarqué. La Région wallonne s’y prend comme la Région flamande. On ne fait pas de petits cadeaux pour des raisons amicales. Qu’avez-vous appris de votre père? S.V.R. Quand j’ai commencé chez Docpharma, j’étais encore vraiment jeune, mais j’ai tout absorbé comme une éponge. Mon père ne m’a jamais rien interdit. Il n’a jamais dit: “Mauvaise idée, Stijn”. Il estime que j’avais la sagesse nécessaire pour comprendre ce que je dois faire de ses remarques. Et il sait que m’interdire quelque chose, c’est comme agiter un chiffon rouge devant un taureau. L.V.R. J’étais aussi comme cela. Un rebelle. Quand on me disait que quelque chose était impossible, cela décuplait ma motivation. J’ai encore ce caractère en moi. Mais on n’a rien à y gagner. Lui aussi est un rebelle. Je sais qu’il est inutile de m’opposer.

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