La recrudescence de cas de coronavirus et le renforcement des restrictions sanitaires liés au variant Delta ont perturbé les Bourses mondiales. Face à cette nouvelle offensive de la pandémie, les investisseurs sont appelés à privilégier la qualité.
A l’image du Bel20 bruxellois qui a flanché à la mi-juin, le variant Delta a chahuté les Bourses mondiales. Si les chutes ne sont pas conséquentes, les investisseurs ont radicalement changé de stratégie. Depuis début novembre, la tendance était soutenue par les secteurs sensibles à la conjoncture grâce aux perspectives de vaccination et de redémarrage de l’économie. Ces dernières semaines, ce sont toutefois bien les géants technologiques qui ont repris le relais. Les Gafam (Google/Alphabet, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) ont atteint de nouveaux records et leur valeur boursière combinée a progressé de plus de 1.000 milliards de dollars entre début juin et mi-juillet.
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A l’image du Bel20 bruxellois qui a flanché à la mi-juin, le variant Delta a chahuté les Bourses mondiales. Si les chutes ne sont pas conséquentes, les investisseurs ont radicalement changé de stratégie. Depuis début novembre, la tendance était soutenue par les secteurs sensibles à la conjoncture grâce aux perspectives de vaccination et de redémarrage de l’économie. Ces dernières semaines, ce sont toutefois bien les géants technologiques qui ont repris le relais. Les Gafam (Google/Alphabet, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) ont atteint de nouveaux records et leur valeur boursière combinée a progressé de plus de 1.000 milliards de dollars entre début juin et mi-juillet. Pendant de nombreux mois, les investisseurs ont misé sur la “reflation”, c’est-à-dire la perspective d’une nette reprise de la croissance et de l’inflation grâce au redémarrage globalisé de l’économie. Une évolution favorable qui semble s’essouffler. En Chine, le ralentissement est déjà patent, la banque centrale ayant même décidé d’assouplir sa politique pour redynamiser l’économie. Aux Etats-Unis, la tendance faiblit également après un redémarrage quasiment euphorique. Les derniers indicateurs “suggèrent que la croissance aux Etats-Unis a atteint un pic il y a deux mois”, selon John Authers, éditorialiste à l’agence Bloomberg. Concernant l’Europe, Thomas Planell, gérant chez DNCA, écrivait récemment que “les indicateurs sont au zénith” alors que les dernières mesures de restriction risquent de freiner la reprise.Sur les marchés financiers, l’une des principales conséquences de ce ralentissement est la rechute des taux d’intérêt, comme l’écrit Thomas Planell. Aux Etats-Unis, le rendement du bon du trésor américain à 10 ans a baissé d’un pic de 1,75% fin mars à 1,30%, sous son niveau d’avant la crise du coronavirus. En Belgique, le taux de référence des dettes publiques à 10 ans est même repassé sous zéro en juillet. Le mirage d’une éventuelle remontée des taux offerts par les produits d’épargne, comme le livret, s’est ainsi évaporé. D’autant que la Banque centrale européenne (BCE) s’est dotée d’une nouvelle stratégie lui permettant de se montrer plus patiente en cas d’accélération de l’inflation. Selon Nick Kounis, responsable de la recherche chez ABN Amro, la BCE ne devrait ainsi pas commencer à révéler ses taux directeurs avant 2024 au mieux. Plus d’un observateur se contente même de repousser cette perspective “au-delà d’un horizon prévisible”, soit aux calendes grecques en langage courant. La faiblesse des taux est traditionnellement considérée comme favorable pour les Bourses. En effet, les produits d’épargne et les obligations ne rapportant rien ou quasiment, les actions deviennent mécaniquement plus intéressantes. Mais ce n’est pas le cas de tous les secteurs. La remontée des taux et, par conséquent, du coût des crédits avait laissé espérer des lendemains qui chantent aux banques. Le développement du variant Delta et la rechute des taux ont cassé net l’élan du Stoxx 600 Banks, l’indice de référence du secteur bancaire européen, qui avait rebondi de 80% entre fin septembre et début juin. Rappelons qu’il avait atteint à l’automne dernier son plus bas niveau depuis sa création en 1991… Les tensions sanitaires induites par le variant Delta affectent aussi les nombreux secteurs en voie de redressement, comme le tourisme et les loisirs. Au niveau mondial, la reprise est toujours d’actualité selon les dernières enquêtes de Markit Economics auprès des responsables des achats, mais à un rythme moins soutenu. Plus largement, les secteurs industriels ou liés aux matières premières accusent aussi le coup en Bourse depuis le mois de juin. Cela explique le récent retard des Bourses européennes par rapport à Wall Street qui peut compter sur l’engouement pour ses géants technologiques. Les Gafam et autres Tesla ou PayPal sont beaucoup moins exposés au cycle économique, et surtout aux mesures sanitaires. Comme on l’a vu en 2020, ils en profitent même plutôt au travers d’une numérisation accélérée: télétravail, ventes en lignes, cloud, etc. Pour Laura Nicolae, analyste chez Goldman Sachs, l’impact du variant Delta sur l’économie devrait toutefois s’avérer modeste, pointant notamment l’avancée de la vaccination dans les pays occidentaux. Pictet Wealth Management estime ainsi que “le potentiel des investissements liés à la ‘reflation’ n’est pas épuisé”. La société de gestion suisse précise qu’elle privilégie “les entreprises disposant d’un pouvoir de fixation des prix”. En d’autres termes, celles qui peuvent répercuter la hausse des coûts sur leurs prix de vente, ce qui suppose une demande soutenue et un avantage concurrentiel. Pictet n’est pas la seule. Kate Moore, responsable de l’allocation d’actifs chez BlackRock, favorise pour sa part les valeurs cycliques de qualité. Tony DeSpirito, responsable des investissements aux Etats-Unis, également chez Blackrock, souligne que les actions de qualité n’ont jamais été aussi bon marché par rapport aux marchés depuis 20 ans. Depuis le début de la crise du coronavirus, les investisseurs ont effet plébiscité les valeurs technologiques pures au business model pas toujours bien établi, puis les valeurs profitant le plus du redémarrage de l’économie, comme le secteur du tourisme ou la consommation discrétionnaire (automobile, luxe, etc.). Le concept d’action de qualité est bien moins transparent. Pour ses indices avec un biais qualitatif, la société MSCI identifie les actions de haute qualité sur la base de trois critères fondamentaux: un rendement des capitaux propres élevé, une croissance stable des bénéfices d’une année sur l’autre et un faible levier financier (endettement). En résumé, l’objectif est de sélectionner des entreprises qui génèrent des bénéfices élevés (et en croissance) grâce à leur produits et services, et non grâce à l’ingénierie financière. Des entreprises qui risquent certes d’être affectées si le variant Delta aggrave la situation sanitaire mais qui ne verraient pas leur avenir compromis, n’ayant pas le couteau du crédit sous la gorge. Historiquement, les secteurs de la santé (Roche, J&J, Novo Nordisk, GSK, etc.) et des produits de consommation courante (Nestlé, Coca-Cola, etc.) sont surreprésentés parmi les actions de qualité. Les valeurs technologiques occupent aussi une position de choix désormais, avec notamment Microsoft ou Apple, des sociétés générant des bénéfices record, mais pas Tesla qui demeure peu rentable. On retrouve aussi des entreprises comme Nike ou Visa, des assureurs, des acteurs solides de l’industrie des semi-conducteurs (Nvidia, ASML, Texas Instruments), le distributeur canadien Couche-Tard, connu chez nous pour sa tentative de reprise de Carrefour, ou Sofina du côté belge. A noter qu’il existe des fonds spécialisés comme l’ETF Xtrackers MSCI World Quality, dupliquant l’indice mondial homonyme.