L’Organisation internationale au développement économique (OCDE) publie une étude sur le futur du télétravail, qui s’est largement développé pendant la pandémie. Des changements qui ne partiront pas avec le virus.
L’Organisation internationale de coopération et de développement économique, a publié une étude intitulée “Permanent ou transitoire ? Une analyse des évolutions du télétravail pendant la crise du COVID19 à l’aide des données d’emploi en ligne“.
Cette étude rassemble un collectif de six chercheurs qui expliquent que “la crise du COVID-19 a déclenché une évolution majeure vers le télétravail et les interactions virtuelles“. L’objectif est de voir dans quelle mesure le développement rapide du télétravail va changer le secteur de l’emploi, et ce plus ou moins durablement.
Pour se faire, ces chercheurs se sont basés sur les données des offres d’emploi du site en ligne ‘Indeed’ dans 20 pays. Cette liste inclut l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, la France, l’Irlande, Israël, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Pologne, l’Espagne, la Suède, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Les entreprises prennent les devants
Parmi les conclusions dégagées par l’étude, les données montrent que les entreprises ont anticipé ce changement de paradigme. Elles s’attendent en effet à ce que le télétravail persiste.
La mention du télétravail dans les annonces est presque trois fois plus élevée en septembre 2021 (près de 7,5%) qu’en janvier 2020 (environ 2,5%) en moyenne dans tous les pays.
Adrjan, P., et al. (2021), “Will it stay or will it go? Analysing developments in telework during COVID-19 using online job postings data”, OECD Productivity Working Papers, n° 30, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/aed3816e-en.
C’est assez logiquement que les chercheurs ont aussi identifié que l’augmentation du télétravail dans les annonces est plus prononcée dans les secteurs à fortes compétences numériques, tels que les services liés à l’informatique et l’assurance. Mais ils précisent que “rien ne prouve jusqu’à présent que l’augmentation du télétravail déclenche des changements d’activité dans les grands secteurs économiques.”
Dans tous les pays, l’augmentation du télétravail dans les annonces entre 2019 et la période de pandémie varie entre 0 au Japon et environ 7 points de pourcentage en Irlande. Les chercheurs expliquent que ces différences entre les pays “peuvent s’expliquer par les différences de mesures prises par les gouvernements afin de restreindre la mobilité pendant la pandémie“.
Les pays ayant imposé le plus de restrictions ont ainsi logiquement engendré une plus grande augmentation du télétravail. Mais l’étude souligne que “l’assouplissement équivalent ne réduit pas” le télétravail pour autant, “ce qui suggère que le télétravail dans les annonces persistera même après la levée complète des restrictions“.
Enfin, les chercheurs pointent également le fait que “la préparation numérique joue un rôle important” dans la mention du télétravail dans les annonces suite aux restrictions gouvernementales. Ainsi le maintien du télétravail après l’assouplissement des restrictions “n’est (modestement) négatif que dans les pays ayant de faibles niveaux de pénétration de l’Internet à large bande“. Ces changements ne vont donc de paire qu’avec une évolution économique et matérielle des pays.
Une adaptation nécessaire que doivent supporter les gouvernements
Ces résultats suggèrent que le télétravail est probablement là pour rester et qu’il pourrait même se développer davantage dans les pays et les secteurs hautement préparés au numérique.
Adrjan, P., et al. (2021), “Will it stay or will it go? Analysing developments in telework during COVID-19 using online job postings data”, OECD Productivity Working Papers, n° 30, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/aed3816e-en
Suite à cette analyse, l’étude expose quelques recommandations aux pays afin d’accompagner cette évolution. Ainsi, elle conseille aux pays qui sont très en retard en termes d’adoption du télétravail “d’encourager son adoption“, car “les enquêtes suggèrent que les modalités de travail hybride peuvent accroître à la fois la productivité et le bien-être des travailleurs“.
Les chercheurs avancent également l’idée qu’une adoption plus large du télétravail “peut aider les gouvernements à atteindre les objectifs de décarbonisation en réduisant les émissions de CO2 liées aux déplacements domicile-travail“. Mais aussi permettre aux entreprises d’attirer les “meilleurs talents mondiaux” dans le contexte où la ‘télémigration’ pourrait devenir “de plus en plus importante“.
Dans le même temps, cela va entraîner des changements techniques puisque le télétravail implique par exemple d’avoir une bonne connexion internet. Ainsi, les chercheurs préviennent que les gouvernements “devront faire face à une pression accrue en matière de réallocation des ressources“. Et dans ce contexte, ils précisent que “l’état de préparation technologique et managériale à l’adoption du télétravail diffère considérablement selon les entreprises, les travailleurs et les zones géographiques“.
Enfin, cet essor du télétravail risque de creuser les inégalités sociales et spatiales. L’étude souligne que le télétravail va engendrer “un déplacement de la géographie économique des centres d’affaires vers les zones résidentielles et les banlieues” puisque les maisons deviendront les lieux de travail des employés.
Les chercheurs engagent ainsi les pays à “faciliter cette transition” en encourageant les investissements publics et privés “qui garantissent des niveaux appropriés d’infrastructures numériques et physiques dans les zones urbaines et rurales“, et en “développant les compétences numériques de l’ensemble de la main-d’oeuvre“.
Aurore Dessaigne
L’Organisation internationale de coopération et de développement économique, a publié une étude intitulée “Permanent ou transitoire ? Une analyse des évolutions du télétravail pendant la crise du COVID19 à l’aide des données d’emploi en ligne”.Cette étude rassemble un collectif de six chercheurs qui expliquent que “la crise du COVID-19 a déclenché une évolution majeure vers le télétravail et les interactions virtuelles”. L’objectif est de voir dans quelle mesure le développement rapide du télétravail va changer le secteur de l’emploi, et ce plus ou moins durablement.Pour se faire, ces chercheurs se sont basés sur les données des offres d’emploi du site en ligne ‘Indeed’ dans 20 pays. Cette liste inclut l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, la France, l’Irlande, Israël, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Pologne, l’Espagne, la Suède, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis.Parmi les conclusions dégagées par l’étude, les données montrent que les entreprises ont anticipé ce changement de paradigme. Elles s’attendent en effet à ce que le télétravail persiste. C’est assez logiquement que les chercheurs ont aussi identifié que l’augmentation du télétravail dans les annonces est plus prononcée dans les secteurs à fortes compétences numériques, tels que les services liés à l’informatique et l’assurance. Mais ils précisent que “rien ne prouve jusqu’à présent que l’augmentation du télétravail déclenche des changements d’activité dans les grands secteurs économiques.”Dans tous les pays, l’augmentation du télétravail dans les annonces entre 2019 et la période de pandémie varie entre 0 au Japon et environ 7 points de pourcentage en Irlande. Les chercheurs expliquent que ces différences entre les pays “peuvent s’expliquer par les différences de mesures prises par les gouvernements afin de restreindre la mobilité pendant la pandémie”. Les pays ayant imposé le plus de restrictions ont ainsi logiquement engendré une plus grande augmentation du télétravail. Mais l’étude souligne que “l’assouplissement équivalent ne réduit pas” le télétravail pour autant, “ce qui suggère que le télétravail dans les annonces persistera même après la levée complète des restrictions”. Enfin, les chercheurs pointent également le fait que “la préparation numérique joue un rôle important” dans la mention du télétravail dans les annonces suite aux restrictions gouvernementales. Ainsi le maintien du télétravail après l’assouplissement des restrictions “n’est (modestement) négatif que dans les pays ayant de faibles niveaux de pénétration de l’Internet à large bande”. Ces changements ne vont donc de paire qu’avec une évolution économique et matérielle des pays.Suite à cette analyse, l’étude expose quelques recommandations aux pays afin d’accompagner cette évolution. Ainsi, elle conseille aux pays qui sont très en retard en termes d’adoption du télétravail “d’encourager son adoption”, car “les enquêtes suggèrent que les modalités de travail hybride peuvent accroître à la fois la productivité et le bien-être des travailleurs”. Les chercheurs avancent également l’idée qu’une adoption plus large du télétravail “peut aider les gouvernements à atteindre les objectifs de décarbonisation en réduisant les émissions de CO2 liées aux déplacements domicile-travail”. Mais aussi permettre aux entreprises d’attirer les “meilleurs talents mondiaux” dans le contexte où la ‘télémigration’ pourrait devenir “de plus en plus importante”. Dans le même temps, cela va entraîner des changements techniques puisque le télétravail implique par exemple d’avoir une bonne connexion internet. Ainsi, les chercheurs préviennent que les gouvernements “devront faire face à une pression accrue en matière de réallocation des ressources”. Et dans ce contexte, ils précisent que “l’état de préparation technologique et managériale à l’adoption du télétravail diffère considérablement selon les entreprises, les travailleurs et les zones géographiques”. Enfin, cet essor du télétravail risque de creuser les inégalités sociales et spatiales. L’étude souligne que le télétravail va engendrer “un déplacement de la géographie économique des centres d’affaires vers les zones résidentielles et les banlieues” puisque les maisons deviendront les lieux de travail des employés. Les chercheurs engagent ainsi les pays à “faciliter cette transition” en encourageant les investissements publics et privés “qui garantissent des niveaux appropriés d’infrastructures numériques et physiques dans les zones urbaines et rurales”, et en “développant les compétences numériques de l’ensemble de la main-d’oeuvre”. Aurore Dessaigne