“La hausse actuelle des prix de l'énergie anticipe la transition écologique”

LA FIDUCIAIRE

Experts-Comptables ITAA

Selon Jean Hindriks, professeur d’économie de l’UCLouvain, une spéculation sur l’avenir explique aussi l’explosion actuelle des coûts. Au plus mauvais moment, alors que la relance post-Covid est avancée.

L’inflation progresse de 2,73% à 2,86% en ce mois de septembre, à son plus haut niveau depuis février 2017. La hausse s’explique essentiellement par l’explosion des coûts de l’énergie.

L’inflation progresse de 2,73% à 2,86% en ce mois de septembre, à son plus haut niveau depuis février 2017. La hausse s’explique essentiellement par l’explosion des coûts de l’énergie. Jean Hindriks, professeur d’économie à l’UCLouvain, explique l’enjeu, les possibilités de réponses et… les causes cachées.Cette hausse de l’inflation est-elle préoccupante?Bien sûr que c’est inquiétant. Cela représente tout de même une perte de pouvoir importante pour les ménages, singulièrement les plus démunis. Après la crise du Covid que nous avons traversée, c’est une nouvelle préoccupation majeure. Au moment où la relance était au rendez-vous, cela tombe mal et cela pourrait la ralentir.La question du pouvoir d’achat se pose, par ailleurs, surtout pour les bas revenus ou les allocataires sociaux, car l’inflation s’explique surtout par l’explosion des coûts de l’énergie, qui représente une part proportionnellement plus importante dans leur budget.Cette hausse des prix de l’énergie s’explique par la relance, mais aussi en partie par une spéculation sur le marché. La Belgique y est particulièrement vulnérable.Parce que c’est un petit pays?Oui, nous avons une faible indépendance énergétique. On n’a pas vraiment pu anticiper ce qui se passe, les achats se font en temps réel. En Belgique, la facture augmente, en outre, de façon proportionnelle, notamment en raison de la TVA de 21%. Cela amplifie l’effet.Politiquement, que peut-on faire? Le tarif social est-il important?Nous avons déjà un système de tarif social qui est en place, oui. Il convient d’être très attentif à le maintenir ou à le renforcer car, comme je l’ai dit, les bas revenus sont les plus durement touchés.Une baisse de la TVA se justifierait-elle?Quand on parle de la TVA, il convient de se poser la question si une baisse va réellement profiter aux clients ou également aux opérateurs. J’ai personnellement étudié la baisse temporaire de la TVA de 21% à 6% qui avait été décidée entre mars 2014 et octobre 2015, le résultat est bien que cette baisse se répercutait directement dans le portefeuille des ménages. C’est positif. Mais il faut savoir que cela coûte cher, cela représente une perte sèche très importante pour l’Etat.La crise coûte chère aux entreprises, aussi: que peut-on faire?Pour les entreprises, ce n’est pas la même chose puisqu’elles ne sont pas sujettes à la TVA. Certains secteurs sont plus fortement impactés par les hausses de l’énergie, surtout alors que des entreprises sont encore fragilisées par la crise du Covid. Secteur par secteur, il faut une analyse fine et des aides particulières. Cette attention doit être particulière parce que l’on ne peut pas se permettre de perdre le bénéfice de tout le soutien qui a été octroyé durant la crise sanitaire, alors que la relance commence à peine.Dans la crise énergétique que nous traversons, on paye le manque de préparation, mais aussi une anticipation de ce qui va se passer, notamment avec le Green Deal européen. En réalité, celui-ci a déjà commencé. Les gens anticipent les répercussions en cascade de la sortie de l’énergie fossile et de la transition écologique. Ils achètent maintenant, parce qu’ils savent que les prix vont exploser. C’est un comportement logique. On voit aussi que le prix du carbone explose sur le marché, par anticipation là aussi. On parle de la transition à l’horizon 2030, mais elle commence en réalité aujourd’hui. Le ptroblème, c’est quez cela risque de se téléscoper avec la relance.

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