Quels sont les risques pour les banques belges, et KBC en particulier, de l’invasion russe en Ukraine ? Son CEO Johan Thijs a répondu à nos questions.
La guerre en Ukraine prend tout doucement des allures de stress test pour le système bancaire européen. Après avoir déjà perdu plus de 20 % en Bourse en février, voilà que les valeurs bancaires européennes prennent un nouveau bouillon, avec pour certains établissements des replis de près de 10 % (Société Générale, ING, Commerzbank, etc.). Le secteur est sous pression. En cause, bien sûr, leurs expositions en Russie, c’est-à-dire le risque que courent leurs opérations face aux sanctions des pays occidentaux pour geler l’économie et la fi…
La guerre en Ukraine prend tout doucement des allures de stress test pour le système bancaire européen. Après avoir déjà perdu plus de 20 % en Bourse en février, voilà que les valeurs bancaires européennes prennent un nouveau bouillon, avec pour certains établissements des replis de près de 10 % (Société Générale, ING, Commerzbank, etc.). Le secteur est sous pression. En cause, bien sûr, leurs expositions en Russie, c’est-à-dire le risque que courent leurs opérations face aux sanctions des pays occidentaux pour geler l’économie et la finance russes.Exposition directeQuels sont, dans tout cela, les risques pour les banques belges, et KBC en particulier (très fortement implantée en Europe et de l’Est) ? Selon la Banque nationale, notre gendarme bancaire, l’exposition du secteur bancaire belge à l’égard de la Russie est relativement limitée : environ 650 millions d’euros. Le CEO de KBC, Johan Thijs, nous confirme à ce propos que le groupe de banque et d’assurance n’a aucune exposition directe à l’Ukraine et que son exposition directe à la Russie se limite à 50 millions d’euros. Depuis 2012 et la revente de sa filiale Absolut Bank, le bancassureur n’est effectivement plus présent en Russie. Exposition indirecteKBC déploie par contre des activités dans plusieurs pays d’Europe Centrale et de l’Est : en République tchèque, en Bulgarie, en Hongrie et en Slovaquie. Des activités pour lesquelles Johan Thijs estime cependant qu’il est “trop tôt pour chiffrer l’impact” de l’invasion russe dans la mesure où il s’agit surtout d’une “exposition indirecte”, c’est-à-dire via des prêts à des entreprises de ces pays qui commercent elles avec l’Ukraine ou la Russie. Quoi qu’il en soit, “nous disposons d’un ratio de fonds propres de 15,5 %, même après distribution du dividende, ce qui représente 7 à 8 milliards de buffers. A quoi s’ajoutent 289 millions de provisions actées avant la crise du covid et dont nous n’avons plus besoin. Bref, nous sommes bien capitalisés”, précise Johan Thijs.Cours de BourseMais quid, alors, du cours de Bourse du bancassureur qui n’échappe pas au matraquage du secteur, affichant une perte de plus de 5 % ce lundi matin (plus gros recul du Bel 20): pourquoi un tel repli ? Selon Johan Thijs, plusieurs raisons expliquent la sanction dont fait également les frais KBC sur les marchés. “Malgré le fait que notre exposition directe est très limitée, nous sommes touchés, parce que nous sommes actifs en Europe de l’Est, mais toutes les banques plongent et KBC est en milieu de peloton. Simplement, le titre fait partie des valeurs bancaires qui affichent une valorisation haute et fait maintenant l’objet d’une correction comme toutes les banques”, indique Johan Thijs.