Frédéric de Mévius et Alexander de Wit à propos de Planet First: “Nous voulons faire quelque chose pour les générations suivantes”

LA FIDUCIAIRE

Experts-Comptables ITAA

Descendant d’une des familles de l’aristocratie belge actionnaires d’AB InBev, Frédéric de Mévius s’intéresse depuis des dizaines d’années à l’accompagnement financier des entreprises. Il a cofondé Planet First Partners, un fonds britannique qui investit dans les entreprises durables oeuvrant pour le bien-être et l’environnement.

Frédéric de Mévius, 62 ans, a été actif pendant près d’un quart de siècle au sein de Verlinvest, holding de diversification également détenu par la famille de Spoelberch, actionnaire comme lui d’AB InBev. En 2019, il a vendu sa participation de près de 10%, à cette même famille. Aujourd’hui, il nous présente Planet First Partners, un fonds qui investira dans des entreprises européennes qui font la part belle au bien-être ou à l’environnement. Frédéric a créé ce fonds avec Alexander de Wit, 51 ans, ex-membre du comité directeur de Verlinvest. Crise sanitaire oblige, nous avons rencontré les deux hommes par écran interposé, d’autant que Frédéric de Mévius était à Londres, ville où il réside depuis 2012.

Frédéric de Mévius, 62 ans, a été actif pendant près d’un quart de siècle au sein de Verlinvest, holding de diversification également détenu par la famille de Spoelberch, actionnaire comme lui d’AB InBev. En 2019, il a vendu sa participation de près de 10%, à cette même famille. Aujourd’hui, il nous présente Planet First Partners, un fonds qui investira dans des entreprises européennes qui font la part belle au bien-être ou à l’environnement. Frédéric a créé ce fonds avec Alexander de Wit, 51 ans, ex-membre du comité directeur de Verlinvest. Crise sanitaire oblige, nous avons rencontré les deux hommes par écran interposé, d’autant que Frédéric de Mévius était à Londres, ville où il réside depuis 2012. TRENDS-TENDANCES. Comment Planet First Partners entend-il aider le monde entrepreneurial? ALEXANDER DE WIT. Notre fonds se propose de soutenir non pas des starters mais des entreprises européennes qui ont d’ores et déjà atteint une certaine taille critique et cherchent à financer leur croissance. Nous leur assurerons ce financement, de même qu’un support opérationnel. Nous aiderons activement le management à explorer de nouveaux marchés, optimiser l’organisation et affiner la stratégie. L’Europe, qui entend jouer un rôle de premier plan dans les domaines de la santé et de l’environnement, recèle un potentiel énorme. Notre cadre de référence est le Green Deal, le pacte vert pour l’Europe de la Commission européenne. De quel montant dispose le fonds? A.D.W. Nous commençons avec 170 millions d’euros. Nous allons ensuite lever 70 millions d’euros de plus et visons 350 millions pour la fin de l’année. Les investisseurs sont Frédéric et moi-même, plusieurs familles et un certain nombre d’institutionnels. Adrien Invest (lire l’encadré ci-dessous) fournit pas moins de 30% du capital social. S’y ajoutent des familles belges et étrangères. FRÉDÉRIC DE MÉVIUS. Nous investirons entre 10 et 30 millions d’euros par entreprise, avec un maximum de 50 millions. Nous prendrons toujours une participation minoritaire. Nous n’accepterons pas plus d’un à deux nouveaux investissements par an. Nous sommes le seul fonds axé sur la santé et l’environnement en Europe à investir dans des entreprises technologiques en phase de croissance. Enormément de fonds investissent dans les starters, mais beaucoup moins dans les entreprises en phases ultérieures. Pour votre premier investissement, vous avez choisi la société britannique Polymateria, spécialisée dans les emballages biodégradables. A.D.W. Polymateria est une entreprise de croissance dotée d’une technologie unique, et d’un potentiel certain sur le plan international. Elle a créé le plastique réellement biodégradable au grand air. F.D.M. Nous disposons d’une participation de 15%, que nous avons acquise à un stade plus précoce que prévu. Polymateria n’est pas encore vraiment en phase de croissance (son chiffre d’affaires devrait atteindre 20 millions de livres sterling cette année – mais elle réunit idéalement technologie innovante, produits de grande consommation et solutions écologiques. Nous sommes convaincus que la pression viendra de plus en plus des consommateurs, qui veulent des produits sains et conditionnés dans des emballages écologiques. Pour que vous investissiez, quel chiffre d’affaires l’entreprise doit-elle enregistrer? A.D.W. Vingt-cinq millions d’euros au minimum. En deçà, il est trop tôt pour qu’elle envisage une expansion internationale. En revanche, elle ne doit pas nécessairement être bénéficiaire. Ces entreprises sont souvent en phase d’investissement mais leur chiffre d’affaires montre que le marché accueille favorablement leurs produits et leur technologie. Parce que les produits sains et écologiques sont de plus en plus demandés? F.D.M. Nous sommes fermement convaincus que nos entreprises seront plus rentables que les autres pour l’investisseur. En outre, il faut absolument faire quelque chose pour l’environnement, pour les générations suivantes. C’est la raison pour laquelle nous avons créé un système de rapports semestriels qui s’ajoute- ront aux rapports purement financiers. Nous mesurerons, par exemple, les émissions de CO2, les économies réalisées sur la consom- mation d’eau et la gestion des déchets. Nous avons développé un modèle complet, assorti de paramètres qui seront mis en avant lors de l’analyse financière qui précèdera la revente. A.D.W. Dans le cas de Polymateria, par exemple, nous mesurerons les volumes de plastique dont la consommation pourra être évitée. Quand revendrez-vous une participation? A.D.W. Nous n’avons pas de délai précis. Nous soutiendrons l’entreprise aussi longtemps que nous penserons que nous pouvons lui être utiles. Cet horizon long est très apprécié des directions avec lesquelles nous nous entretenons. Il y a tellement d’argent disponible sur le marché que les meilleures sociétés choisissent leurs investisseurs. Nous collaborons avec un réseau de conseillers: des entrepreneurs, des hommes et femmes politiques qui connaissent bien la législation relative à l’environnement et à la santé, des observateurs des tendances de consommation, etc. L’ancien Premier ministre Guy Verhofstadt siège au conseil consultatif. Les prix d’achat sont actuellement élevés à cause, notamment, de la faiblesse des taux d’intérêt. F.D.M. Oui, mais de nombreux fonds investissent dans des projets liés à l’infrastructure et à l’énergie, comme l’éolien. Ce n’est pas le cas de Planet First. Ce qui n’empêche pas la concurrence d’être rude. A.D.W. De fait. Cela dit, les fonds de croissance sont moins nombreux que les fonds starters. Maintes entreprises sont effectivement chères mais nous apportons de la valeur ajoutée. Nous pouvons les aider plus rapidement à se développer en Amérique du Nord ou en Chine, ce qui leur conférera une dimension supplémentaire. Nous n’avons rien d’un investisseur passif. Si nous aidons une société à s’implanter en Amérique du Nord, elle finira par être valorisée comme le sont les entreprises là-bas et les investisseurs américains s’y intéresseront. Donnez-nous quelques exemples d’entreprises actives dans le secteur du bien-être. A.D.W. Nous sommes actuellement en pourparlers avec une société qui offre des solutions numériques de santé, pas seulement sur le plan du régime alimentaire et du mouvement mais aussi sur celui de la mesure de la gestion du stress au sein des entreprises, par exemple. Cette gestion aide le personnel à se sentir plus heureux, de sorte qu’il tombe moins souvent malade. F.D.M. Nous visons également une spécialiste des peptides qui travaille avec des multinationales alimentaires comme Danone, Mars ou Nestlé. Son mélange de peptides facilite la digestion et augmente l’immunité. Cette société, qui enregistre d’ores et déjà une vingtaine de millions d’euros de chiffre d’affaires, cherche d’urgence du capital-développement. L’expérience acquise chez Verlinvest vous a-t-elle été utile lorsque vous avez créé Planet First? F.D.M. En tant qu’investisseurs de long terme, sans aucun doute. En revanche, les thèmes des retombées sociétales et de l’environnement sont nouveaux. C’est d’ailleurs parce qu’il ne leur accordait pas suffisamment d’importance que j’ai quitté Verlinvest. Je souhaitais en outre réunir davantage de familles issues de pays différents et ayant des historiques variés. Nous voulons aussi nous occuper du côté opérationnel des investissements, bien plus encore que lorsque nous étions chez Verlinvest. La famille de Spoelberch, investisseur de référence chez Verlinvest, a-t-elle investi dans le fonds? F.D.M. Planet First réunit des descendants des trois grandes branches belges actionnaires d’AB InBev.

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