Remplacer le certificat médical pour les malades de longue durée par une “fit note”, ou un certificat d’aptitude, dans lequel le médecin indiquerait ce que le travailleur malade est encore en état de faire, c’est la proposition de l’organisation patronale flamande Voka.
Un certificat d’aptitude, ou une “fit note”, serait favorable aussi bien au travailleur qu’à l’employeur, estime le Voka. “Celui qui tombe malade est souvent encore en état d’exécuter certaines tâches. Une “fit note”, à la place d’un certificat médical, permet une discussion entre l’employeur et l’employé sur ce qui est encore possible. De cette manière, un malade de longue durée ne perd pas tout contact avec son lieu de travail”, argumente l’administrateur délégué du Voka, Hans Maertens.
L’augmentation du nombre de malades de longue durée en Belgique est “alarmante”, selon l’organisation patronale flamande, qui évalue leur nombre à plus de 450.000 dans notre pays. Le Voka veut casser l’alternative “malade ou pas malade” et rendre possible des solutions intermédiaires.
Au Royaume-Uni, un tel système existe déjà. Les médecins délivrent des notes d’aptitude aux personnes afin de fournir la preuve de l’avis qu’ils ont donné sur leur aptitude au travail. Ils enregistrent les détails des effets fonctionnels de l’état de leur patient afin que ce dernier et son employeur puissent envisager les moyens de l’aider à reprendre le travail.
Que pensent les spécialistes du burnout de cette proposition de “fitnote” ?
Le Docteur Luc Swinnen, auteur de l’ouvrage “Geef burn-out geen kans” (“Ne donnez pas de chance au burn-out”) s’exprime dans les colonnes du Nieuwsblad: “Je pense que c’est une bonne proposition. Depuis longtemps, je pense que le médecin du travail doit être revalorisé. Après tout, il connaît la situation professionnelle du patient bien mieux que le médecin généraliste, qui en est très éloigné. Désormais, les personnes qui ont été absentes pendant une longue période doivent d’abord se rendre chez le médecin d’entreprise lorsqu’elles reprennent le travail. Mais en effet : pourquoi ne pas impliquer le médecin du travail plus tôt ? Voka a raison quand il dit que de cette façon, vous pouvez faire en sorte que les personnes en burn-out reprennent le travail au moins partiellement.”
Des obstacles sont toutefois à prévoir. Luc Swinnen ajoute: “Mais je crains que la route vers un fitnote ne soit très longue. Qu’il faudra d’abord une longue bataille juridique. Qu’il peut y avoir des problèmes de confidentialité. Mais cela en vaudrait certainement la peine.”
Pour le Collège intermutualiste national, le rôle du médecin conseil est important, c’est à lui à rédiger le document. Pour le Collège qui ne se prononce pas en faveur de ce certificat d’aptitude, il y a d’autres pistes à envisager avant de le mettre en place et notamment une plateforme de communication entre le médecin traitant, le médecin conseil et le médecin du travail.
Quel est l’avis des médecins généralistes?
Dirk Devroey, professeur de médecine générale à la VUB explique dans le quotidien flamand : ” Pour l’instant, c’est effectivement trop une histoire de marche/arrêt. Soit vous travaillez, soit vous ne travaillez pas. Mais pour trouver ce juste milieu, il sera nécessaire d’adapter la formation des médecins en conséquence. Une formation supplémentaire sera nécessaire. Mais il faut aussi savoir que faire appel au médecin du travail ne garantit pas toujours un retour rapide au travail. Les médecins d’entreprise connaissent mieux le lieu de travail que les médecins généralistes, mais cela ne signifie pas que l’entreprise elle-même peut immédiatement proposer au salarié en difficulté un poste adapté. Depuis la crise sanitaire, nous savons que le travail à domicile est tout à fait possible et qu’il peut aussi être un moyen de maintenir l’emploi.”
Revenir à la vie active plus rapidement avec un coordinateur “Retour au travail”
Un encadrement intensif des personnes avec un problème de santé et qui manifestent le souhait de reprendre volontairement le travail permet de raccourcir de 22 jours en moyenne l’incapacité de travail, c’est ce que démontre un projet-pilote mené par la Mutualité chrétienne. “Et, de surcroît, un travail épanouissant ayant des effets positifs sur la santé, nous croyons pleinement à la valeur ajoutée des coordinateurs “Retour au travail” et nous apportons notre entière coopération pour faire du projet un succès“, déclare Elisabeth Degryse, Vice-Présidente de la MC, par voie de communiqué.
Dans ce contexte, le ministre Frank Vandenbroucke (Vooruit) a ainsi lancé en ce mois de septembre le trajet de retour au travail, une initiative de grande envergure pour aider les personnes ayant des problèmes de santé depuis longtemps à réintégrer le travail. A partir de 2022, une quarantaine de coordinateurs “Retour au travail” les guideront de manière intensive pour un retour vers un emploi adapté à leurs souhaits, besoins et à leurs possibilités. En 2023, le nombre de coordinateurs sera porté à soixante. Ces coordinateurs interviendront au sein des mutualités dans des équipes pluridisciplinaires de médecins-conseils, kinésithérapeutes, infirmiers, ergothérapeutes et psychologues.
Hans Maertens exprime ses critiques à cet égard dans Het Nieuwsblad: “Le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke ne veut impliquer ces accompagnateurs qu’après trois mois, mais c’est trop tard pour nous. Rappelez-les après un mois.“
L’employeur peut encore jouer un rôle dans le processus de rétablissement
Selon une étude de la Mutualité Chrétienne, pas moins de 56 % des personnes interrogées estiment que leur travail est (en partie) responsable de leur arrêt de travail. C’est particulièrement le cas pour les personnes confrontées à un burn-out (90 %) ou à une maladie mentale (69 %). Elles citent principalement la charge de travail élevée et les mauvaises relations avec les responsables comme raisons de leur absence.
Les personnes qui peuvent décider elles-mêmes de la manière dont elles accomplissent leurs tâches seront moins susceptibles de désigner leur situation professionnelle comme cause de leur incapacité de travail.
Laisser le temps de se rétablir
Même si une personne n’est plus au travail en raison d’une maladie ou d’un accident, l’employeur peut encore jouer un rôle dans le processus de rétablissement, avance la Mutualité Chrétienne. Les malades de longue durée indiquent qu’il est principalement important de leur laisser le temps de se rétablir. Le soutien des responsables et des collègues peut également faire la différence. Pourtant, plus de la moitié des personnes interrogées ont déclaré ne pas se sentir soutenues par leurs collègues. Bien que quatre personnes sur dix se sont sentis soutenus par leur supérieur hiérarchique.
Ces dernières années, cette question de la reprise du travail après une incapacité de travail a fait l’objet d’une attention accrue, or même ceux qui reprennent le travail se heurtent encore à des obstacles. Dans 40% des cas, ceux qui ont demandé un aménagement de leur travail c’est-à-dire à travailler moins d’heures, à avoir une fonction adaptée ou à bénéficier d’horaires plus flexibles, n’ont pu les obtenir. Et quand l’employé est moins performant, une personne sur cinq ne ressent aucune compréhension sur son lieu de travail.
Un certificat d’aptitude, ou une “fit note”, serait favorable aussi bien au travailleur qu’à l’employeur, estime le Voka. “Celui qui tombe malade est souvent encore en état d’exécuter certaines tâches. Une “fit note”, à la place d’un certificat médical, permet une discussion entre l’employeur et l’employé sur ce qui est encore possible. De cette manière, un malade de longue durée ne perd pas tout contact avec son lieu de travail”, argumente l’administrateur délégué du Voka, Hans Maertens.L’augmentation du nombre de malades de longue durée en Belgique est “alarmante”, selon l’organisation patronale flamande, qui évalue leur nombre à plus de 450.000 dans notre pays. Le Voka veut casser l’alternative “malade ou pas malade” et rendre possible des solutions intermédiaires.Au Royaume-Uni, un tel système existe déjà. Les médecins délivrent des notes d’aptitude aux personnes afin de fournir la preuve de l’avis qu’ils ont donné sur leur aptitude au travail. Ils enregistrent les détails des effets fonctionnels de l’état de leur patient afin que ce dernier et son employeur puissent envisager les moyens de l’aider à reprendre le travail.Le Docteur Luc Swinnen, auteur de l’ouvrage “Geef burn-out geen kans” (“Ne donnez pas de chance au burn-out”) s’exprime dans les colonnes du Nieuwsblad: “Je pense que c’est une bonne proposition. Depuis longtemps, je pense que le médecin du travail doit être revalorisé. Après tout, il connaît la situation professionnelle du patient bien mieux que le médecin généraliste, qui en est très éloigné. Désormais, les personnes qui ont été absentes pendant une longue période doivent d’abord se rendre chez le médecin d’entreprise lorsqu’elles reprennent le travail. Mais en effet : pourquoi ne pas impliquer le médecin du travail plus tôt ? Voka a raison quand il dit que de cette façon, vous pouvez faire en sorte que les personnes en burn-out reprennent le travail au moins partiellement.” Des obstacles sont toutefois à prévoir. Luc Swinnen ajoute: “Mais je crains que la route vers un fitnote ne soit très longue. Qu’il faudra d’abord une longue bataille juridique. Qu’il peut y avoir des problèmes de confidentialité. Mais cela en vaudrait certainement la peine.”Pour le Collège intermutualiste national, le rôle du médecin conseil est important, c’est à lui à rédiger le document. Pour le Collège qui ne se prononce pas en faveur de ce certificat d’aptitude, il y a d’autres pistes à envisager avant de le mettre en place et notamment une plateforme de communication entre le médecin traitant, le médecin conseil et le médecin du travail. Dirk Devroey, professeur de médecine générale à la VUB explique dans le quotidien flamand : ” Pour l’instant, c’est effectivement trop une histoire de marche/arrêt. Soit vous travaillez, soit vous ne travaillez pas. Mais pour trouver ce juste milieu, il sera nécessaire d’adapter la formation des médecins en conséquence. Une formation supplémentaire sera nécessaire. Mais il faut aussi savoir que faire appel au médecin du travail ne garantit pas toujours un retour rapide au travail. Les médecins d’entreprise connaissent mieux le lieu de travail que les médecins généralistes, mais cela ne signifie pas que l’entreprise elle-même peut immédiatement proposer au salarié en difficulté un poste adapté. Depuis la crise sanitaire, nous savons que le travail à domicile est tout à fait possible et qu’il peut aussi être un moyen de maintenir l’emploi.”Un encadrement intensif des personnes avec un problème de santé et qui manifestent le souhait de reprendre volontairement le travail permet de raccourcir de 22 jours en moyenne l’incapacité de travail, c’est ce que démontre un projet-pilote mené par la Mutualité chrétienne. “Et, de surcroît, un travail épanouissant ayant des effets positifs sur la santé, nous croyons pleinement à la valeur ajoutée des coordinateurs “Retour au travail” et nous apportons notre entière coopération pour faire du projet un succès”, déclare Elisabeth Degryse, Vice-Présidente de la MC, par voie de communiqué. Dans ce contexte, le ministre Frank Vandenbroucke (Vooruit) a ainsi lancé en ce mois de septembre le trajet de retour au travail, une initiative de grande envergure pour aider les personnes ayant des problèmes de santé depuis longtemps à réintégrer le travail. A partir de 2022, une quarantaine de coordinateurs “Retour au travail” les guideront de manière intensive pour un retour vers un emploi adapté à leurs souhaits, besoins et à leurs possibilités. En 2023, le nombre de coordinateurs sera porté à soixante. Ces coordinateurs interviendront au sein des mutualités dans des équipes pluridisciplinaires de médecins-conseils, kinésithérapeutes, infirmiers, ergothérapeutes et psychologues.Hans Maertens exprime ses critiques à cet égard dans Het Nieuwsblad: “Le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke ne veut impliquer ces accompagnateurs qu’après trois mois, mais c’est trop tard pour nous. Rappelez-les après un mois.”Selon une étude de la Mutualité Chrétienne, pas moins de 56 % des personnes interrogées estiment que leur travail est (en partie) responsable de leur arrêt de travail. C’est particulièrement le cas pour les personnes confrontées à un burn-out (90 %) ou à une maladie mentale (69 %). Elles citent principalement la charge de travail élevée et les mauvaises relations avec les responsables comme raisons de leur absence. Les personnes qui peuvent décider elles-mêmes de la manière dont elles accomplissent leurs tâches seront moins susceptibles de désigner leur situation professionnelle comme cause de leur incapacité de travail. Même si une personne n’est plus au travail en raison d’une maladie ou d’un accident, l’employeur peut encore jouer un rôle dans le processus de rétablissement, avance la Mutualité Chrétienne. Les malades de longue durée indiquent qu’il est principalement important de leur laisser le temps de se rétablir. Le soutien des responsables et des collègues peut également faire la différence. Pourtant, plus de la moitié des personnes interrogées ont déclaré ne pas se sentir soutenues par leurs collègues. Bien que quatre personnes sur dix se sont sentis soutenus par leur supérieur hiérarchique. Ces dernières années, cette question de la reprise du travail après une incapacité de travail a fait l’objet d’une attention accrue, or même ceux qui reprennent le travail se heurtent encore à des obstacles. Dans 40% des cas, ceux qui ont demandé un aménagement de leur travail c’est-à-dire à travailler moins d’heures, à avoir une fonction adaptée ou à bénéficier d’horaires plus flexibles, n’ont pu les obtenir. Et quand l’employé est moins performant, une personne sur cinq ne ressent aucune compréhension sur son lieu de travail.