Chaque année, le 1er octobre, est célébrée la Journée internationale des personnes âgées. D’ici à 2050, les personnes de plus de 60 ans représenteront presque un quart de la population mondiale. Leur rôle à jouer dans la société est au coeur des préoccupations de DUO for a JOB. Rencontre avec la directrice adjointe de l’ASBL, Julie Bodson.
Les personnes âgées de plus de 50 ans sont quotidiennement victimes de préjugés, et plus particulièrement dans le monde du travail. Les jeunes issus de l’immigration connaissent le même sort, du fait de leur âge et de leurs origines. Ralenties, réfractaires au changement d’un côté et inexpérimentées, pas qualifiées de l’autre. Ces étiquettes sont lourdes à porter pour les deux groupes qui se retrouvent freinés dans leurs envies et leurs projets. L’association DUO for a JOB s’est alors posé cette question : “Les préjugés nous empêcheraient-ils de profiter collectivement de chacun.e ?”.
Probablement. “Nous sommes partis d’un double constat. En Belgique, le taux de chômage est assez important chez les jeunes, qui rencontrent des difficultés à accéder au marché de l’emploi. C’est doublement compliqué pour les jeunes issus de l’immigration, qui subissent d’autant plus de discrimination à l’embauche. Pour les plus de 50 ans, le taux d’activité est assez faible. On remarque un manque de valorisation de l’expérience et de toutes les compétences qu’ils ont accumulées pendant leur vie professionnelle “, révèle Julie Bodson.
La mission que s’est donnée l’ASBL est basée sur la rencontre de ces deux groupes qui n’ont, à première vue, rien en commun, mais qui ont, tout compte fait, beaucoup à s’offrir. L’idée est de les mettre en contact afin de créer des duos pour que les plus de 50 ans (les mentors) accompagnent les jeunes (les mentees) dans leurs recherches d’emploi.
“Nous avons trois objectifs “, indique Julie Bodson “de favoriser l’insertion socioprofessionnelle des jeunes issus de l’immigration, de valoriser les compétences et l’expérience des plus de 50 ans et de renforcer la cohésion sociale et les solidarités de proximité par la rencontre “.
Et concrètement, comment ça fonctionne ? À la suite d’une session d’information, des entretiens individuels sont organisés. Le but est de connaître au mieux les personnes afin de constituer des duos efficaces. Ces derniers sont créés selon plusieurs critères. “On essaie, en priorité, de faire des matching secteur, car les jeunes manquent souvent d’une connaissance des attentes et des codes du secteur dans lequel ils veulent évoluer. Pour les jeunes qui n’ont pas encore d’idée précise, nous avons des mentors généralistes, qui viennent de l’enseignement ou des ressources humaines, par exemple “, explique la directrice adjointe.
Les profils sont variés ; les mentors sont issus de plus de 50 secteurs différents. Pendant six mois, le duo travaille, encadré par un professionnel. Ce mode de fonctionnement semble efficace, car près de trois jeunes sur quatre trouvent une solution positive sous douze mois, et neuf mentors sur dix se réengagent dans un nouvel accompagnement.
Une relation de confiance bénéfique
La création de cette relation de confiance est donc bénéfique pour les deux membres qui constituent le duo. “90% des jeunes mettent en avant que cette relation améliore leur confiance en eux”, indique Julie. Pour les 50 ans et plus, souvent confrontés à un sentiment d’inutilité, le rôle de mentor permet de travailler des compétences de transmission et de coaching, qui peuvent être réutilisées en entreprise. “Ce cercle vertueux est transposable dans d’autres sphères, que ce soit la sphère privée ou professionnelle“.
Au-delà des motivations propres à ces groupes, l’objectif est aussi de changer les mentalités. “Mentors” et “mentees” découvrent la réalité de l’autre groupe pour lequel ils développent de l’empathie alors qu’ils ne le côtoyaient souvent pas avant. Les mentors prennent conscience des barrières que rencontrent les jeunes et deviennent les ambassadeurs de ce message dans leur propre communauté. Jean-Louis par exemple, mentor, témoigne être devenu militant en faveur des jeunes par la suite.
“Équité numérique pour tous les âges”
Pour le 30e anniversaire de la Journée pour les personnes âgées, les Nations unies ont choisi pour thème “Équité numérique pour tous les âges”. Les innovations numériques ont chamboulé tous les secteurs de la société, y compris celui du travail. Et les plus de 50 ans sont souvent décrits comme des personnes déconnectées et dépassées.
Pourtant, l’ASBL constate une forte contradiction entre ces stéréotypes et l’envie de ces personnes : “Les mentors ont envie de continuer à être actifs, d’apprendre, ils se sentent jeunes et l’image qu’on leur renvoie ne correspond pas à ce qu’ils ressentent”.
Par ailleurs, Julie Bodson raconte que, pendant la crise du Covid-19, la question de la digitalisation s’est posée. Afin de poursuivre leur activité, l’ASBL a été contrainte de virtualiser tout son programme. Et, fait surprenant, plus de 90% des mentors n’y étaient alors pas opposés.
Dans le passage au numérique, les 50 ans et plus intériorisent les préjugés et s’écartent malgré eux des avancées technologiques. Ce que confirme l’enquête récente d’Amnesty internationale, où 48% des personnes âgées déclarent être victimes du préjugé selon lequel ils ne seraient pas au point avec la technologie moderne.
Ce groupe de personnes a besoin de la mise en place de plus de moyens pour les accompagner dans cette transition, et de trouver du sens dans leur investissement.
Pour rappel, Duo for a Job qui existe depuis 2012, est présente en France (Paris, Lille, Marseille) et en Belgique (Bruxelles, Anvers, Liège, Gand, Malines et Alost).
Lola Buscemi (Stagiaire)
Les personnes âgées de plus de 50 ans sont quotidiennement victimes de préjugés, et plus particulièrement dans le monde du travail. Les jeunes issus de l’immigration connaissent le même sort, du fait de leur âge et de leurs origines. Ralenties, réfractaires au changement d’un côté et inexpérimentées, pas qualifiées de l’autre. Ces étiquettes sont lourdes à porter pour les deux groupes qui se retrouvent freinés dans leurs envies et leurs projets. L’association DUO for a JOB s’est alors posé cette question : “Les préjugés nous empêcheraient-ils de profiter collectivement de chacun.e ?”.Probablement. “Nous sommes partis d’un double constat. En Belgique, le taux de chômage est assez important chez les jeunes, qui rencontrent des difficultés à accéder au marché de l’emploi. C’est doublement compliqué pour les jeunes issus de l’immigration, qui subissent d’autant plus de discrimination à l’embauche. Pour les plus de 50 ans, le taux d’activité est assez faible. On remarque un manque de valorisation de l’expérience et de toutes les compétences qu’ils ont accumulées pendant leur vie professionnelle “, révèle Julie Bodson. La mission que s’est donnée l’ASBL est basée sur la rencontre de ces deux groupes qui n’ont, à première vue, rien en commun, mais qui ont, tout compte fait, beaucoup à s’offrir. L’idée est de les mettre en contact afin de créer des duos pour que les plus de 50 ans (les mentors) accompagnent les jeunes (les mentees) dans leurs recherches d’emploi. “Nous avons trois objectifs “, indique Julie Bodson “de favoriser l’insertion socioprofessionnelle des jeunes issus de l’immigration, de valoriser les compétences et l’expérience des plus de 50 ans et de renforcer la cohésion sociale et les solidarités de proximité par la rencontre “.Et concrètement, comment ça fonctionne ? À la suite d’une session d’information, des entretiens individuels sont organisés. Le but est de connaître au mieux les personnes afin de constituer des duos efficaces. Ces derniers sont créés selon plusieurs critères. “On essaie, en priorité, de faire des matching secteur, car les jeunes manquent souvent d’une connaissance des attentes et des codes du secteur dans lequel ils veulent évoluer. Pour les jeunes qui n’ont pas encore d’idée précise, nous avons des mentors généralistes, qui viennent de l’enseignement ou des ressources humaines, par exemple “, explique la directrice adjointe. Les profils sont variés ; les mentors sont issus de plus de 50 secteurs différents. Pendant six mois, le duo travaille, encadré par un professionnel. Ce mode de fonctionnement semble efficace, car près de trois jeunes sur quatre trouvent une solution positive sous douze mois, et neuf mentors sur dix se réengagent dans un nouvel accompagnement. La création de cette relation de confiance est donc bénéfique pour les deux membres qui constituent le duo. “90% des jeunes mettent en avant que cette relation améliore leur confiance en eux”, indique Julie. Pour les 50 ans et plus, souvent confrontés à un sentiment d’inutilité, le rôle de mentor permet de travailler des compétences de transmission et de coaching, qui peuvent être réutilisées en entreprise. “Ce cercle vertueux est transposable dans d’autres sphères, que ce soit la sphère privée ou professionnelle”. Au-delà des motivations propres à ces groupes, l’objectif est aussi de changer les mentalités. “Mentors” et “mentees” découvrent la réalité de l’autre groupe pour lequel ils développent de l’empathie alors qu’ils ne le côtoyaient souvent pas avant. Les mentors prennent conscience des barrières que rencontrent les jeunes et deviennent les ambassadeurs de ce message dans leur propre communauté. Jean-Louis par exemple, mentor, témoigne être devenu militant en faveur des jeunes par la suite.Pour le 30e anniversaire de la Journée pour les personnes âgées, les Nations unies ont choisi pour thème “Équité numérique pour tous les âges”. Les innovations numériques ont chamboulé tous les secteurs de la société, y compris celui du travail. Et les plus de 50 ans sont souvent décrits comme des personnes déconnectées et dépassées. Pourtant, l’ASBL constate une forte contradiction entre ces stéréotypes et l’envie de ces personnes : “Les mentors ont envie de continuer à être actifs, d’apprendre, ils se sentent jeunes et l’image qu’on leur renvoie ne correspond pas à ce qu’ils ressentent”. Par ailleurs, Julie Bodson raconte que, pendant la crise du Covid-19, la question de la digitalisation s’est posée. Afin de poursuivre leur activité, l’ASBL a été contrainte de virtualiser tout son programme. Et, fait surprenant, plus de 90% des mentors n’y étaient alors pas opposés.Dans le passage au numérique, les 50 ans et plus intériorisent les préjugés et s’écartent malgré eux des avancées technologiques. Ce que confirme l’enquête récente d’Amnesty internationale, où 48% des personnes âgées déclarent être victimes du préjugé selon lequel ils ne seraient pas au point avec la technologie moderne. Ce groupe de personnes a besoin de la mise en place de plus de moyens pour les accompagner dans cette transition, et de trouver du sens dans leur investissement. Pour rappel, Duo for a Job qui existe depuis 2012, est présente en France (Paris, Lille, Marseille) et en Belgique (Bruxelles, Anvers, Liège, Gand, Malines et Alost). Lola Buscemi (Stagiaire)