Une filière chanvre en Wallonie

LA FIDUCIAIRE

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IsoHemp, la PME, labellisée par la fondation Solar Impulse, a inauguré sa nouvelle usine à Fernelmont. Elle permettra de multiplier par cinq la production de blocs isolants à base de chanvre.

Vous voulez du circuit court, de l’économie décarbonée, des bâtiments bien isolés, des produits naturels issus de l’agriculture locale? IsoHemp peut vous fournir tout cela sous la forme de blocs isolants à base de chanvre. “Quand nous avons commencé il y a 10 ans, personne ne connaissait notre produit, raconte Olivier Beghin, CEO et cofondateur d’IsoHemp. Notre travail d’évangélisation a permis de faire bouger les lignes et de convaincre les acteurs qu’il existait des alternatives aux techniques de construction classique. Il y a eu une vraie prise de conscience.”

Vous voulez du circuit court, de l’économie décarbonée, des bâtiments bien isolés, des produits naturels issus de l’agriculture locale? IsoHemp peut vous fournir tout cela sous la forme de blocs isolants à base de chanvre. “Quand nous avons commencé il y a 10 ans, personne ne connaissait notre produit, raconte Olivier Beghin, CEO et cofondateur d’IsoHemp. Notre travail d’évangélisation a permis de faire bouger les lignes et de convaincre les acteurs qu’il existait des alternatives aux techniques de construction classique. Il y a eu une vraie prise de conscience.” L’entreprise emploie aujourd’hui plus de 35 personnes, table sur une croissance de 50% de son chiffre d’affaires (tenu secret jusqu’à nouvel ordre) et vient d’inaugurer la construction d’une toute nouvelle usine, à Fernelmont, afin de multiplier par cinq ses capacités de production tout en relevant ses standards de qualité. Cela représente un investissement de cinq millions d’euros, auquel il faut encore ajouter deux millions pour le développement commercial des produits. “C’est une belle aventure, on ne s’ennuie pas”, résume Olivier Beghin. Les multiples plans de relance et leur focus sur l’isolation des bâtiment devraient soutenir le carnet de commandes de l’entreprise et permettre à la nouvelle usine de tourner rapidement à plein régime. Les vertus isolantes, tant thermiques qu’acoustiques, de ces blocs de chanvre et de chaux sont connues depuis une bonne trentaine d’années. Ils contribuent en outre à réguler l’humidité d’un bâtiment et à le protéger contre le feu. Pourtant, cette technologie n’a été longtemps exploitée que de façon très artisanale, par de petits acteurs éparpillés. Voilà pourquoi Olivier Beghin, avec ses comparses Anthony De Mot et Jean-Baptiste de Mahieu, ont eu l’ambition d’en industrialiser la production, afin de rendre ces blocs accessibles au plus grand nombre. “N’importe quel maçon peut les utiliser après 10 minutes d’explication, assure le CEO. Il y a un petit surcoût par rapport à certains matériaux classiques mais, au vu de son efficacité et de son impact environnemental, notre solution est très compétitive. Nous ne sommes ni les plus chers ni les moins chers sur le marché.” Ces trois jeunes ingénieurs (l’un en gestion, l’autre ingénieur civil en construction et le troisième ingénieur industriel, des profils en l’occurrence parfaitement complémentaires) étaient également motivés par l’envie de contribuer à “verdir” le secteur de la construction. Le chanvre est en effet produit localement et, atout désormais crucial, son empreinte carbone est négative: les blocs de chanvre stockent plus de CO2 que n’en émet leur cycle de production. Cela a valu à la PME namuroise d’être reprise l’an dernier parmi les 1.000 solutions durables et rentables, rassemblées par la fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard. Cette carte de visite séduit une clientèle très diverse: des ménages qui construisent leur maison bien sûr, mais aussi ceux qui ont besoin de quelques cloisons isolantes pour une rénovation ou une société publique de logements sociaux qui veut améliorer la performance énergétique de son parc. “Notre solution est unique au monde et nous sommes en quelque sorte devenu ‘la’ référence dans notre créneau, ajoute Olivier Beghin. Nous recevons régulièrement des demandes venant des Etats-Unis, d’Australie, d’Italie, etc. Récemment, nous avons même construit toute une villa à Ibiza.” Isohemp exporte environ 40% de sa production, essentiellement vers les pays limitrophes car, poursuit le CEO, “faire voyager nos produits sur 2.000 km, cela n’a guère de sens écologique, ni même économique”. Pour satisfaire ses clients éloignés, IsoHemp envisage d’implanter à terme des unités de production dans d’autres pays européens avant, un jour peut-être, de faire de même outre-Atlantique. L’entreprise resterait ainsi en phase avec son ambition initiale de s’appuyer sur la production locale. Et quand on voit aujourd’hui les énormes difficultés d’approvisionnement des sociétés qui se fournissent aux quatre coins du monde, on comprend le modèle de développement raisonné d’IsoHemp. Le trio à la tête d’IsoHemp a aussi des ambitions plus locales ou régionales: faire émerger une véritable filière de culture et de travail du chanvre en Wallonie. Cela part de l’agriculture, pour laquelle cette plante peut constituer une intéressante diversification. “Le chanvre présente un intérêt agronomique important car il nettoie les sols, précise Olivier Beghin. Vous le plantez tous les cinq à sept ans sur une parcelle et il régénère les sols sans la moindre utilisation de produits phytosanitaires.” Et en fin de vie, les déchets de chanvre constituent un très bon amendement pour les sols. IsoHemp dispose d’ailleurs de certificats d’épandage de ses déchets, dans une belle logique d’économie circulaire. Mais avant d’en arriver là, il y a l’étape de l’usine (chanvrière) où l’on va séparer les différents éléments de la plante: les graines pourront donner de l’huile, tant pour l’alimentation que pour des produits cosmétiques ; les fibres sont utilisées en papeterie et dans le textile ; et les tiges entrent dans la composition des blocs isolants d’IsoHemp. Il y a eu quelques tentatives de développement d’unités de transformation du chanvre en Wallonie (la dernière fut l’oeuvre de la société Be.Hemp, à Marloie, entre 2016 et 2019) mais sans grand succès. Il s’agit pourtant d’un chaînon crucial pour installer une véritable filière cohérente dans la région. “Nous avons envie de fédérer autour de nous plusieurs acteurs pour relancer cette filière, assure le patron d’IsoHemp. Nous pouvons maintenant lui offrir un débouché certain et, avec le soutien des pouvoirs publics et de quelques entrepreneurs, j’espère que nous y parviendrons.” Le fait que Willy Borsus soit à la fois ministre de l’Economie et de l’Agriculture peut s’avérer ici un élément très utile. Notons également que la Région wallonne est présente au capital d’IsoHemp à travers la SRIW (25%). Plusieurs investisseurs privés (Jolly, Noël, etc.) soutiennent également l’entreprise. “Nous avons un actionnariat solide qui nous permet de nous développer et de réinventer tous les jours le secteur de la construction”, conclut Olivier Beghin.

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