Canva, la pépite australienne qui a fait de ses fondateurs des milliardaires

LA FIDUCIAIRE

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A même pas 40 ans, Melanie Perkins et Cliff Obrecht sont à la tête d’une fortune de 5 milliards de dollars. Leur start-up, dont la valeur double tous les ans, est devenue une star dans le domaine des outils graphiques.

C’est un rendez-vous attendu chaque année avec impatience par le monde des affaires en Australie. Fin mai, l’ Australian Financial Review publiait sa Rich List dans laquelle, parmi les habitués magnats de l’industrie minière et de l’immobilier, un couple de moins de 40 ans a, pour la première fois, atteint la dixième place: Melanie Perkins et Cliff Obrecht. Les fondateurs de Canva, la start-up australienne dont tout le monde parle, sont désormais à la tête d’une fortune estimée à 5 milliards d’euros.

C’est un rendez-vous attendu chaque année avec impatience par le monde des affaires en Australie. Fin mai, l’ Australian Financial Review publiait sa Rich List dans laquelle, parmi les habitués magnats de l’industrie minière et de l’immobilier, un couple de moins de 40 ans a, pour la première fois, atteint la dixième place: Melanie Perkins et Cliff Obrecht. Les fondateurs de Canva, la start-up australienne dont tout le monde parle, sont désormais à la tête d’une fortune estimée à 5 milliards d’euros. Cette plateforme en ligne permet de réaliser très aisément de beaux C.V., des affiches, des présentations ou des posts Instagram. Sa force réside dans sa capacité à avoir su rendre le design graphique accessible et facile d’utilisation. Neuf ans après sa création, l’entreprise revendique plus de 55 millions d’utilisateurs dans plus de 190 pays et emploie plus de 1.600 personnes, à Sydney, où se trouve son siège mais aussi à Manille, Pékin, Austin et San Francisco. L’aventure Canva a pourtant débuté humblement sur les bancs de l’université, à Perth, où les deux futurs milliardaires se sont rencontrés. Melanie Perkins arrondit ses fins de mois en enseignant à d’autres étudiants comment se servir de logiciels de graphisme, comme Photoshop et Illustrator. Et fait alors le constat suivant: ces logiciels sont des outils de référence, mais ils sont aussi incroyablement complexes et présentent un défaut majeur à l’ère du cloud et de la collaboration en ligne: ils doivent être installés sur un ordinateur, et ne peuvent ensuite être utilisés que sur ce support. C’est ainsi que naît, en 2008, dans le salon de la mère de Melanie Perkins, Fusion Books, une application permettant de créer sans efforts un yearbook, ces albums de promos publiés par toutes les universités anglo-saxonnes. En Australie, le succès est immédiat, tout comme en Nouvelle-Zélande et… en France. “Un Français a participé à l’aventure Fusion Books et a ainsi fait connaître le produit dans les grandes écoles”, précise Cameron Adams, 41 ans, le troisième cofondateur de Canva, qui s’associe au couple Perkins-Obrecht à partir de 2012. Actuel chief product officer, cet ancien de Google a pour mentors Lars et Jens Rasmussen, cofondateurs de Google Maps, avec lesquels il a travaillé pendant quatre ans sur Google Wave, une application web de messagerie et de travail collaboratif aujourd’hui disparue, avant de s’installer à Sydney. “C’est là que j’ai rencontré Melanie. On s’est tout de suite bien entendus et son idée m’a immédiatement emballé.” Mais une bonne idée ne fait pas à elle seule une licorne. Alors qu’elle affine son projet et développe de nouveaux outils, Melanie Perkins multiplie dans le même temps les allers-retours vers la Silicon Valley. De l’autre côté du Pacifique, le premier à croire en elle est Bill Tai, célèbre capital-risqueur et grand adepte de kitesurf. Pour entrer dans son cercle, et participer aux conférences qu’il organise régulièrement dans sa “retraite”, MaiTai, où se mêlent signatures de gros contrats et kitesurf, la jeune femme se jette littéralement à l’eau. “Quand vous venez de Perth et n’avez aucune connexion dans la Silicon Valley, quand la porte s’entrouvre, il faut la pousser pour l’ouvrir en grand et franchir le palier”, confiait-elle au Sydney Morning Herald il y a deux ans. Les leçons de kitesurf, un sport qu’elle décrit comme “incroyablement dangereux” et qu’elle a depuis cessé de pratiquer, s’avèrent payantes. En mars 2013, elle parvient à obtenir une première levée de fonds pour un montant de 3 millions de dollars abandonnant, dans la foulée, le nom Fusion Books (le mot Books étant trop réducteur selon elle) et lui préfère, pendant un temps, Canvas Chef. Qui deviendra peu de temps après Canva. Une fois la plateforme lancée, le succès est vite au rendez-vous: 50.000 utilisateurs s’inscrivent dès le premier mois. Ils seront 600.000 dès 2014 et ont déjà créé à ce stade plus de 3,5 millions de designs. “La valeur de l’entreprise a depuis doublé chaque année depuis notre lancement, souligne Cameron Adams. Nous nourrissions dès le départ de grands rêves mais nous n’aurions jamais imaginé que ça puisse aller aussi vite. Notre croissance a très largement dépassé nos attentes.” Le petit bureau à Sydney où tout a commencé a depuis été remplacé par un immeuble de plusieurs étages situé au coeur de Surry Hills, un quartier branché du centre-ville qu’on pourrait comparer au Marais, à Paris. Connu pour ses excellents restaurants, c’est aussi le quartier gay de Sydney, où défile chaque année (sauf en 2021, covid oblige) la parade de Mardi Gras. Le quartier, qui abrite aussi de nombreuses entreprises de création, est devenu depuis quelques années, le tech hub de la capitale économique australienne. L’entrée du bâtiment donne sur une cantine chaleureuse, où des petits-déjeuners et les déjeuners sont servis gratuitement aux 800 employés qui travaillent ici et dans quelques bureaux loués aux alentours – l’immeuble étant devenu trop petit. Dans les étages, où les bureaux en open space côtoient salles de réunion et autres salons de lecture, on retrouve plusieurs kitchenettes dont les tiroirs sont bien garnis en Tim Tam, un biscuit chocolaté que les Australiens adorent. “Chaque heure, 40 Tim Tam sont mangés dans nos locaux!” précise Zach Kitschke, le directeur du marketing qui assure la visite. Celle-ci se termine sur le toit de l’immeuble, où des ruches ont été installées. Ce perchoir offre une vue imprenable sur la ville et les gratte-ciel du Central Business District (CBD). “Mel et Cliff ont fait beaucoup d’allers-retours en Californie. Et là-bas, les investisseurs leur disaient de venir s’installer dans la Silicon Valley, pour être au coeur de l’action. Mais au final, le fait de rester à Sydney a été une bénédiction. C’est une ville incroyable, très agréable à vivre et nous n’avons jamais eu de difficultés à recruter , assure Zach Kitschke, qui a rejoint Canva en 2013. Nous avons lancé il y a deux ans un programme jeunes diplômés, et nous sommes presque dépassés par son succès. Par ce biais, nous avons reçu plus de 150.000 candidatures et nous comptons parmi nos employés des talents venus du monde entier.” Comment le couple fondateur est-il au travail? “Mel et Cliff, c’est un peu le yin et le yang, confie Zach Kitschke. Mel est une véritable visionnaire en matière de produits, elle passe énormément de temps à les affiner. Cliff est lui plus porté sur le développement du business et le côté opérationnel.” D’abord totalement gratuit, Canva s’est par la suite étoffé en proposant quelques services payants, qui assurent de multiples sources de revenus. Aux versions Pro et Enterprise, qui donnent accès à plus de fonctionnalités et sont utilisées par de très grandes entreprises, telles que Twitter, Intel, PayPal ou encore Danone, viennent s’ajouter Canva Print – un service d’impression sur tous types de supports, de l’affiche aux t-shirts, en passant par les cartes de visite – disponible dans plus de 30 pays, une école de design, qui propose des cours en ligne et en présentiel. Sans oublier une place de marché, où acheter à l’unité des designs normalement accessibles uniquement sur les versions Pro et Enterprise, les recettes étant partagées entre Canva et leurs créateurs. Ces dernières années, l’entreprise a procédé à quelques acquisitions stratégiques, notamment la société australienne Zeetings, créatrice d’un outil de présentation interactive (désormais l’outil le plus utilisé sur Canva) qui vise à rivaliser avec le célèbre PowerPoint. Puis, en 2019, elle s’est offert, pour un montant qui reste confidentiel, les banques d’images Pixabay et Pexels, avec pour objectif assumé de devenir le “Netflix de la photographie de stock”. Des choix payants qui ont permis à Canva de se rendre encore plus indispensable depuis le début de la pandémie. “Notre monde est devenu plus visuel. Les attentes de nos clients sont de plus en plus importantes en termes de présentation, note Zach Kitschke. La pandémie n’a fait qu’accélérer la tendance à un travail de plus en plus collaboratif, où plusieurs personnes participent à un même projet depuis différents lieux et via différents supports”, souligne pour sa part Cameron Adams. En 2020, Canva a vu ses revenus bondir de 130%, à 316 millions d’euros et, bien qu’actuellement seulement 5,5% de ses utilisateurs paient pour les services offerts sur la plateforme, elle est d’ores et déjà bénéficiaire. C’est sans doute ce qui explique qu’à l’occasion de son dernier tour de table, Canva ait levé 45 millions d’euros, contre 0,4% de ses actions seulement. Une opération qui a fait plus que doubler la valeur de l’entreprise, pas encore cotée en Bourse, désormais évaluée à 12,6 milliards d’euros! Jusqu’où Canva peut-elle aller? “Depuis le début, notre mentalité, c’est de se dire qu’on n’est qu’à 1% de notre objectif, indique Zach Kitschke. Nous souhaitons grandir le plus vite possible, sans toutefois sacrifier la qualité de nos produits.” Certains experts estiment pour leur part que la valeur de l’entreprise pourrait quintupler au cours des cinq prochaines années… Cette véritable fortune ne semble pas monter à la tête de ses jeunes dirigeants. Comme le souligne Cameron Adams, ils veulent avant tout “être une force du bien”. Melanie Perkins et Cliff Obrecht ont pour leur part annoncé l’an dernier qu’ils donneraient “tout leur argent pour rendre ce monde un peu plus égal”. Preuve s’il en est que le faste n’est pas leur tasse de thé, Cliff Obrecht a demandé la main de Melanie Perkins en 2019 lors d’un voyage sac à dos en Cappadoce en lui offrant une bague de fiançailles d’une valeur de… 20 euros.

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