L’application du pass sanitaire en France pousse de nombreux frontaliers à venir consommer en Belgique. Comment l’Horeca et Comeos perçoivent-ils le phénomène? Faut-il s’en inquiéter et entrevoir une pression pour l’extension du pass sanitaire en Belgique? Elements de réponse.
Ce lundi 9 août, le pass sanitaire en France entre en application pour accéder aux bars et aux restaurant, en plus d’autres lieux de loisirs et de culture. Conséquence directe pour la Belgique : certains clients français décident de franchir la frontière pour profiter d’un repas ou d’un verre sans devoir montrer patte blanche.
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Ce lundi 9 août, le pass sanitaire en France entre en application pour accéder aux bars et aux restaurant, en plus d’autres lieux de loisirs et de culture. Conséquence directe pour la Belgique : certains clients français décident de franchir la frontière pour profiter d’un repas ou d’un verre sans devoir montrer patte blanche.Pour les gérants français, le risque est réel de voir une partie de la clientèle austère au pass sanitaire s’orienter vers les établissements belges frontaliers. “On va perdre une bonne partie de la clientèle, tous ceux qui sont réticents au vaccin iront en Belgique, nous on va contrôler comme on peut”, soupire un gérant de bar à Halluin à France Bleu.”Je ne ferai jamais le vaccin !”, lance un client à l’arrière du bar. “Je vais faire un faux pass sanitaire, j’irai en Belgique, mais je ne veux pas faire le vaccin”, insiste-t-il.Du côté belge de la frontière, on se prépare donc à accueillir un nombre encore plus élevé de clients français que d’habitude. Qu’en pense la Fédération Horeca Wallonie ? “Cela concerne principalement les régions limitrophes. Les gens ne vont pas se déplacer jusqu’à Bruxelles en habitant Lille. Sont surtout concernées des villes comme Couvin, Tournai, Chimay, ou Arlon par rapport à Longwy. Mais c’est encore trop tôt pour dire s’il y a une vraie affluence”, nous glisse Thierry Neyens, président de la Fédération Horeca Wallonie. La question est aussi de savoir si cet afflux de clients frontaliers, potentiellement non vaccinés, provoquera ou non un sentiment d’insécurité chez les clients belges. Pour Thierry Neyens, il faudra en tout cas rester vigilant. “Si les personnes françaises qui viennent en Belgique sont antivax et n’ont pas envie de montrer quoi que ce soit pour entrer dans un établissement… Pour nous, ce sont des clients potentiellement à risque, oui. C’est un peu le souci et c’est ce qui tracasse certains tenanciers. Il faut veiller à ce qu’il y ait un certain équilibre entre des clients locaux et des clients frontaliers. En Belgique, le protocole ne nous impose pas le présentation d’un pass, et donc certains vont vouloir profiter de cette situation. Chaque exploitant devra être un peu plus vigilant. Mais ce n’est pas à nous d’interdire ou de cadenasser la venue de ces clients français.”Le tout serait donc de trouver un certain équilibre. “Ce qu’il faut, c’est surtout rassurer les clients habituels qui respectent le protocole depuis le début. Et essayer de faire cohabiter une clientèle frontalière de manière équilibrée. S’il y a trop de clients français, ça peut décourager certains clients locaux qui n’ont plus de ‘garantie’ sanitaire et une crainte supplémentaire. Le risque, c’est que le consommateur belge se pose plus de questions, car ce sont des clients, qui, potentiellement, ne sont pas vaccinés et n’ont pas fait de test PCR. Mais on ne va pas non plus fermer la frontière pour ça. Tant qu’une règle belge ne nous l’impose pas, on n’est pas en mesure de demander une preuve de vaccination et de s’immiscer dans la vie privée.”Pas question, non plus, de profiter de cet afflux pour y voir une opportunité économique. “On ne va en tout cas pas faire du business avec cette situation. Justement, il va falloir être attentif et vigilant puis éviter qu’une partie de la clientèle habituelle ne prenne peur. Certains établissements ont déjà une capacité d’accueil limitée, donc venir superposer une clientèle frontalière ne va pas générer un vrai boost.” La position de l’Horeca belge vis-à-vis du pass sanitaire est claire. “Si c’est pour éviter une fermeture en automne, alors oui, un pass peut nous sauver. Mais actuellement, le secteur n’y est pas favorable. Ce qui m’étonne, c’est qu’en France, on impose même le pass pour prendre un verre en extérieur. Mais quelle est la réelle fiabilité du pass? Certains font une copie du QR code, et le secteur n’est pas habilité à demander l’identité de la personne”, se demande Thierry Neyens. “Le rôle de l’Horeca reste d’accueillir les clients et non de les filtrer avec une tache administrative supplémentaire. Pour les événements de masse, c’est compréhensible, mais pas pour l’Horeca. Laissons-nous d’abord toutes les autres possibilités avant d’arriver à cette dernière contrainte”, espère-t-il.Le phénomène pourrait-il inciter le gouvernement belge à imiter la France ?Si la Belgique n’a jamais voulu s’inscrire dans cette optique, le risque 0 n’existe pas. “Oui, ça peut faire pencher des décideurs pour prendre d’autres mesures, dès lors que les chiffres de contaminations augmenteraient sur les régions limitrophes. Mais tout cela reste au conditionnel. Le phénomène peut aussi vite retomber”, conclut Thierry Neyens.Du côté de Comeos, porte-parole du commerce en Belgique, on a pris connaissance du phénomène, mais “il est encore trop tôt pour se prononcer sur le sujet”, nous dit-on. “Il faudra attendre quelques semaines pour voir s’il y a un effet ou non sur le commerce et la restauration belge.”