Mode d'emploi pour changer efficacement de fournisseur d'énergie

LA FIDUCIAIRE

Experts-Comptables ITAA

Pour faire des économies, il faut prendre le temps – au moins une fois par an – d’évaluer votre facture d’énergie pour voir s’il ne serait pas opportun de changer de contrat ou de fournisseur. En fonction du type de contrat, l’économie annuelle réalisable sur une facture d’électricité peut osciller entre 131 et 265 euros, selon la CREG (Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz). Pour le gaz, cette proportion oscille entre 230 et 374 euros.

Mais, le plus gros potentiel d’économies se situe au niveau des “contrats dormants“, c’est-à-dire des produits qui ne sont plus proposés sur le marché et qui sont automatiquement renouvelés tant que les clients ne les résilient pas. Cela concerne environ 3.000 ménages à Bruxelles, 165.000 en Wallonie et 470.000 en Flandre.

Peu importe votre situation, voici tout ce que vous devez savoir pour profiter efficacement des prix bas de l’énergie.   

1/ CREG Scan

D’abord, faites une évaluation rapide de votre contrat grâce au CREG Scan. Cet outil en ligne permet de visualiser (à l’aide d’un graphique) où se situe votre contrat actuel par rapport au contrat le moins cher du marché, ainsi que l’économie potentielle réalisable.

Concrètement, le montant en noir et en gras correspond au coût de l’énergie de votre contrat actuel. La ligne orange précise le prix du contrat le moins cher et la ligne violette celle du contrat le plus cher.  


Attention, en fonction de la politique de redevance annuelle de votre fournisseur, les économies réalisées en changeant de crèmerie pourraient être éventuellement contrebalancées par cet “abonnement”.

Si votre contrat est relativement proche de la ligne orange, ce n’est pas trop mal, mais cela signifie qu’il y a peut-être moyen de faire encore mieux.

Peut-être? En fonction de la politique de redevance annuelle de votre fournisseur, les économies réalisées en changeant de crèmerie pourraient être éventuellement contrebalancées par cet “abonnement” (voir point 5).

Par ailleurs, sous son graphique, le CREG Scan propose un aperçu des produits d’énergie les moins chers actuellement et vous invite à consulter un site de comparaison de prix afin d’estimer encore plus précisément l’économie qu’il est possible de réaliser (voir point 3).

2/ Composition de la facture

Les montants mentionnés dans le CREG Scan semblent dérisoires par rapport à votre facture d’énergie? C’est normal, ils correspondent aux montants, hors TVA, qu’un consommateur moyen paie annuellement pour l’énergie. C’est donc le montant de la “composante énergétique” d’une facture, la seule qui peut être soumise à la concurrence (et qui varie donc d’un fournisseur à l’autre).

Composante énergétique
La proportion de votre facture d’énergie qui varie en fonction de la redevance annuelle et du prix au kWh. C’est-à-dire la seule partie de la facture qui peut être soumise à la concurrence.

Elle représente en moyenne 35% du prix final et varie en fonction de la redevance annuelle, du prix au kWh et d’une contribution à l’énergie renouvelable.

Les deux autres composantes d’une facture, les “tarifs de réseau” (le transport et la distribution) et les “surcharges” (les taxes régionales et fédérales) sont identiques pour le consommateur, quel que soit son fournisseur.

Notez que les tarifs de réseau sont différents selon les Régions et qu’ils peuvent varier en cours de contrat après approbation de la CREG. Même topo pour les taxes, moyennant une approbation des différents gouvernements.

3/ Comparateur

Il existe de très nombreuses plateformes de comparaison. Si vous réalisez plusieurs comparaisons, vous n’allez probablement jamais obtenir le même résultat: soit le fournisseur le moins cher sera différent d’une plateforme à l’autre, soit le fournisseur sera le même, mais le prix mentionné sur une base annuelle ne sera pas le même. De quoi devenir fou pour celui qui veut bien faire.

Comment expliquer une telle différence? Tout d’abord, les comparateurs régionaux n’intègrent pas les éventuelles promotions. Ensuite, ces réductions peuvent varier d’un comparateur à un autre, car certains d’entre eux offrent des promotions exclusives.

Notez qu’il arrive que ces mêmes promotions ne soient pas disponibles sur le site web du fournisseur lui-même. Cela vaut donc parfois la peine de passer par un comparateur commercial pour changer de fournisseur et opter pour celui qui offre le prix de l’énergie le plus bas (en fonction de votre profil de consommation) et éventuellement aussi la redevance annuelle la plus basse.   

De plus, l’actualisation mensuelle des prix sur les différentes plateformes de comparaison ne se fait pas forcément le même jour.

Ceci dit, pour vous y retrouver, la CREG a mis au point un label de qualité. Actuellement, la plateforme Comparateur-énergie.be est la seule à en disposer.

Si vous décidez d’opter pour cette plateforme pour changer de fournisseur, en plus de bénéficier d’un accompagnement par téléphone, vous pouvez demander à être tenu au courant des éventuelles baisses du prix de l’énergie à l’avenir. Ce service est entièrement gratuit.

Cela dit, changer de fournisseur soi-même n’a rien de compliqué. Il suffit de communiquer votre numéro EAN au nouveau fournisseur et celui-ci se chargera de toutes les démarches, sans que vous ayez à subir la moindre coupure dans la fourniture de votre énergie.   


Si un client quitte son fournisseur en cours d’année, il n’aura souvent pas droit au tarif promotionnel prévu et payera finalement son énergie plus cher que ce qu’il aurait pu espérer au moment de la comparaison et de son choix initial.

Attention, si vous aviez déjà changé de contrat il y a moins d’un an et que vous aviez profité à l’époque d’une promotion. “Le plus souvent, ces promotions ne sont valables qu’au terme d’une année de contrat”, prévient Pierre Andernack directeur de Nrgyx, une entreprise spécialisée dans la négociation de contrats d’énergie pour les PME. “Si un client quitte son fournisseur en cours d’année, il n’aura souvent pas droit au tarif promotionnel prévu et payera finalement son énergie plus cher que ce qu’il aurait pu espérer au moment de la comparaison et de son choix initial.”

C’est un procédé que les fournisseurs utilisent pour essayer de garder les clients sur un terme plus ou moins long et éviter qu’ils ne changent tous les mois de fournisseur”, a-t-il ajouté. “Même si on peut les comprendre, étant donné le coût élevé d’acquisition d’un nouveau client, il faut toutefois reconnaître que  c’est une démarche commerciale qui permet de contourner l’esprit de la loi de 2015. En effet, celle-ci permet à chaque consommateur de changer de fournisseur quand il le souhaite, moyennant un préavis de 4 semaines, sans qu’aucune indemnité de rupture ne puisse lui être réclamée par le fournisseur.”

4/ Type de contrat

Au moment de changer de contrat, les consommateurs se posent systématiquement cette même question: tarif fixe ou variable? Malheureusement, il n’y a pas de réponse tranchée, car personne n’est en mesure de prédire l’évolution exacte des prix de l’énergie dans le futur, surtout qu’ils dépendent de très nombreux facteurs. “Le choix d’un tarif fixe ou variable reste un choix individuel, basé sur des préférences personnelles“, répond Julie Frère, la porte-parole de Test Achat.


“Les contrats fixes sont plus transparents car il est beaucoup plus facile de vérifier sur le relevé annuel si l’on vous a facturé le prix exact de l’énergie.”

Julie Frère
Porte-parole de Test Achats

Par exemple, dans quelle mesure le consommateur est-il prêt à prendre des risques? Alors bien sûr, les contrats variables sont généralement moins chers, mais cela ne dit rien sur le prix que vous finirez par payer après un an, alors qu’avec un contrat fixe vous savez exactement à quel prix vous allez payer votre énergie. 

“Les contrats fixes sont également plus transparents pour le consommateur, car il est beaucoup plus facile de vérifier sur le relevé annuel si l’on vous a facturé le prix exact de l’énergie, ce qui est nettement plus complexe avec un taux variable indexé trimestriellement ou mensuellement”, a-t-elle ajouté.

Thomas Coune, le CEO de Mega, est également de cet avis. “Je conseille toujours le tarif fixe, car cette option a l’avantage de faciliter la lisibilité de la facture!” 

Il recommande également d’opter pour des contrats à long terme. “De cette façon, vous vous assurez que le fournisseur ne changera pas sa marge de fonctionnement pendant tout ce temps. Votre budget reste stable et ne dépend plus que d’une seule chose: votre consommation. Et si vous consommez moins, vous payerez forcément moins, car le prix reste inchangé.”

Cela dit, même si vous signez aujourd’hui pour un contrat long terme, vous restez libre de changer de contrat quand bon vous semble, sous réserve d’un délai de 4 semaines. Mais gare, à nouveau, à la redevance annuelle en cas de résiliation de contrat.

5/ Redevance annuelle

La redevance, qui peut aussi être appelée “abonnement” sur la facture du consommateur, est destinée à couvrir les frais administratifs du fournisseur (voir le tableau). Par exemple, les coûts de facturation ou ceux liés au service clientèle. Or, “les études et analyses de la CREG démontrent que d’un fournisseur à l’autre, cette redevance fixe se calcule différemment en cas de résiliation du contrat de fourniture“, prévient Sophie Lenoble.

Concrètement, il existe principalement trois systèmes pour facturer l’abonnement:


“Si le client en fait la demande, Mega lui rembourse en général le montant de la redevance annuelle au prorata des mois où il n’est pas resté client.”

Thomas Coune
CEO de Mega

1/ un montant forfaitaire par année de fourniture entamée; un montant forfaitaire pour la première année de fourniture;
2/ un montant calculé au prorata du nombre de jours (ou de mois) de fourniture;
3/ un montant calculé au prorata du nombre de jours de fourniture à partir du premier jour du contrat.

“Le premier système peut certainement être un frein important pour qu’un consommateur change de fournisseur.”

Ce qui n’est pas du tout le cas du troisième système. Actuellement, c’est déjà celui qui prévaut chez quelques fournisseurs. “En cas de changement de fournisseur, la redevance annuelle n’est due que pour la période écoulée jusqu’à la rupture de contrat, c’est-à-dire le montant de la redevance annuelle multiplié par le nombre de jours de fourniture et divisé ensuite par 365 jours”, selon le porte-parole de Lampiris. “Il nous semble logique que le solde éventuel soit remboursé et non conservé à titre d’indemnité!”

Même topo du côté d’Engie. “La redevance annuelle est due au prorata du nombre de jours dans le contrat”, précise Olivier Desclée, son porte-parole. “La redevance n’est donc pas due dans sa totalité par les clients qui nous quittent en cours d’année/de contrat, et ce quelle que soit l’année.”

Du côté de Luminus, c’est plutôt un mixte entre le premier et le deuxième système identifié par la CREG qui est utilisé. En clair, la première année, la redevance est facturée intégralement. “À partir de la deuxième année, elle sera facturée au prorata du nombre de jours”, précise Nico De Bie, son porte-parole.

Eneco applique le même système depuis le 1er mars 2021. Chez Essent, c’est quasi le même système sauf que la deuxième année est facturée au prorata du nombre de mois (et pas de jours).

Pour Mega, celle-ci est entièrement due dès le début du contrat “pour la simple raison que la grande majorité les coûts arrivent dans les 2 premiers mois de la livraison”, se justifie Thomas Coune. “Un client qui arrive et nous quitte après 1 mois nous coûte quasi autant qu’un client qui part après 11 mois.”

Cependant, si le client en fait la demande, Mega lui rembourse en général le montant de la redevance annuelle au prorata des mois où il n’est pas resté client. “Mais c’est plutôt rare, car moins de 5% de notre clientèle part dans les six mois.”

Conclusion

Vous voilà désormais mieux armé pour faire un choix éclairé concernant votre prochain contrat d’énergie. Une dernière précision tout de même: vous ne devez pas forcément changer de fournisseur pour profiter de meilleurs tarifs. Vous pouvez juste appeler votre fournisseur actuel en lui indiquant votre volonté de profiter de la baisse de prix actuelle. “Nos clients sont libres de nous contacter et demander une modification tarifaire en cours de contrat, avec effet immédiat, nous l’accordons avec plaisir”, confirme Thomas Coune de Mega. 

Quid de la redevance annuelle dans ce cas? “Elle n’est pas payée deux fois évidemment, elle est divisée au prorata entre celle de l’ancien contrat et celle du nouveau“, a-t-il ajouté. La réponse est en tout point similaire chez les autres fournisseurs. Alors…on change?


Faut-il privilégier un achat groupé?

S’inscrire à une initiative d’achat groupé d’énergie ne vous engage à rien. Autrement dit, lorsque vous recevrez une proposition de contrat d’énergie négociée par l’organisateur de l’achat groupé, vous êtes libre ou non d’y souscrire. Gardez toutefois à l’esprit que “la participation à un achat groupé n’offre pas nécessairement la garantie du produit le moins cher“, selon la CREG. “En effet, tous les fournisseurs n’y participent pas. Et les fournisseurs qui y participent ne sont pas tenus de proposer le prix le plus bas.”

De plus, lorsque le fournisseur soumet une proposition de prolongation à la fin du contrat, ce contrat de prolongation présente dans la plupart des cas un prix plus élevé. Restez attentif et n’hésitez donc pas à comparer le contrat d’énergie négocié avec les autres contrats que vous pourriez obtenir au même moment sur le marché. Attention, les achats groupés ne figurent pas dans le CREG Scan.

©Filip Ysenbaert

Actualités récentes

Le précompte mobilier en Belgique

Le précompte mobilier en Belgique

Par Martin Piret Gérard, Associé chez CONSILIUM Gst Le précompte mobilier est certainement l’impôt le plus connu des investisseurs belges. Il s’applique aux revenus mobiliers, principalement aux dividendes et aux intérêts. En Belgique, le taux normal du précompte...

lire plus